Le principal problème des drogues, c'est la dépendance
C’est la dépendance qui sert le plus souvent à caractériser une toxicomanie. Elle se définit, selon la formule de Pierre Fouquet, fondateur de l’alcoologie moderne, comme la « perte de la liberté de s’abstenir », c’est-à-dire que l’on voudrait bien arrêter de consommer, mais on ne peut pas. La dépendance s’installe plus ou moins rapidement lors de la consommation répétée de certaines substances, qualifiées d’« additives ».
Pourtant, il faut distinguer plusieurs formes de dépendance. La plus connue est celle que l’on rencontre avec l’héroïne, l’alcool, le tabac : après une période d’installation plus ou moins rapide, il devient nécessaire de consommer le produit quotidiennement. Son absence se traduit par un syndrome de manque, avec des manifestations physiques et psychologiques. C’est une dépendance linéaire, l’organisme a besoin en permanence de sa dose de substance psychoactive.
Un autre modèle de dépendance se rencontre en particulier avec les psychostimulants (cocaïne, amphétamines, crack, ecstasy). Les usagers consomment alors les produits par courtes périodes, un, deux ou trois jours… Comme ces produits sont excitants, ils ne dorment pas ou très peu durant ces moments de consommation. Il s’ensuit une phase de fatigue intense et de repos, sans prise de toxique, pendant quelques jours, jusqu’à ce que l’envie impérieuse d’en reprendre se manifeste et conduise directement aux lieux de revente et de consommation. Cette envie impérieuse, liée à une dépendance psychique forte, se nomme le craving. Il s’agit là de prises par intermittence, qui laissent penser pendant un temps aux personnes concernées qu’elles ne sont pas dépendantes, puisqu’elles ne consomment pas tous les jours. Pourtant, quand l’envie apparaît, elle s’impose, et rien ne peut empêcher de chercher à la satisfaire.
Dans les deux cas, il survient un phénomène de « centration » de l’existence sur l’expérience de consommation du produit, qui devient organisatrice du rapport au monde de celui qui s’y adonne.
La dépendance est donc un problème majeur des drogues, et si elles font peur, c’est souvent parce que cette dépendance est assimilée à un réel esclavage et à une perte de libre arbitre. Ce n’est pourtant pas leur seul danger.
II y a des risques à consommer des drogues, même en l’absence de dépendance
Pendant longtemps, on ne s’est intéressé aux drogues que sous l’angle de la dépendance. De nos jours, indépendamment du statut légal des produits, on tend à distinguer quatre notions :
- l’abstinence, c’est-à-dire l’absence de consommation d’un produit,
- l’usage, c’est-à-dire le fait de consommer un produit sans s’exposer à un risque déraisonnable,
- l’abus, ou « usage nocif »,
- la dépendance proprement dite.
L’intérêt de la notion d’usage nocif est de prendre en compte des personnes qui ne sont pas dépendantes de substances, mais qui mettent néanmoins leur santé en péril.
Cela nécessite de conjuguer plusieurs facteurs :
- La nature du produit : certains produits recèlent une dangerosité qui leur est propre, du fait de leur toxicité, c’est-à-dire leur capacité à détruire, rapidement ou à moyen terme, des cellules ou des organes (alcool, ecstasy, tabac…). Le coupage des produits par d’autres substances encore plus toxiques peut aggraver ce danger. D’autres drogues ou les mêmes sont dangereuses du fait de la puissance de leurs effets (LSD, héroïne…). D’autres encore le sont à cause de leur forte additivité (nicotine, héroïne, cocaïne).
- La quantité consommée : certains produits sont d’autant plus toxiques que les doses consommées sont importantes ou les prises rapprochées.
- Le moment de consommation : plusieurs situations aggravent les risques : la conduite automobile, la grossesse, par exemple.
- Le mode de consommation : un même produit peut avoir une toxicité différente selon qu’il est fumé, ingéré ou injecté.
- Le fait de prendre en compte les usages nocifs conduit aussi à communiquer différemment en direction des jeunes usagers de ces produits, non seulement pour les dissuader de les utiliser, mais aussi afin de tenir compte de leurs expériences passées ou présentes, ce qui permet, à une époque où 60 % des jeunes hommes de 19 ans ont expérimenté le cannabis, d’avoir un discours plus adapté.
- Par ailleurs, il faut souligner la nocivité de certaines drogues qui pourtant ne génèrent pas de dépendance : le LSD par exemple n’est pas un produit sans risque, la puissance de ses effets hallucinatoires pouvant entraîner des troubles psychiques durables, ou des accidents mortels (saut dans le vide, actes irraisonnés) sous l’effet du produit.
Vidéo : Le principal problème des drogues, c’est la dépendance
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Le principal problème des drogues, c’est la dépendance