Des plantes douées de magie : pavot chanvre et coca
Les prêtres des époques mythiques connaissaient bien les vertus hallucinatoires ou les propriétés psychiques de ces plantes merveilleuses. Ils les savaient capables de faciliter l’évasion de l’esprit hors du corps de chair, de le libérer de la matière et de le jeter, plus aérien, plus subtil et plus apte à capter le souffle prophétique, en des mondes insoupçonnés et des sphères lumineuses où ils prenaient contact avec la divinité. »
Qu’est-ce qu’une drogue?
Au XIXe siècle, le mot « drogue » désignait en français toutes les préparations des apothicaires, puis il en vint, au cours du XXe siècle, à s’appliquer plus étroitement à certaines substances qui modifient les états de conscience et dont l’usage régulier entraîne une dépendance. L’anglais drug signifiant à la fois « drogue » et « médicament »» conserve, quant à lui, l’ambiguïté sémantique originelle.
Peu rigoureux scientifiquement, les termes « drogue » ou « stupéfiant » servent à caractériser une catégorie de produits, dont la définition est en dernier ressort de nature juridique, et qui relève à ce titre d’un régime pénal particulièrement sévère. En France, c’est le tableau B, institué par la loi de 1916 et complété par la loi de 1970, qui détermine cette liste de produits. On y trouve, en sus des trois grandes catégories originelles de drogues que sont le cannabis, la coca, l’opium et tous leurs dérivés, les produits synthétiques ou semi-synthétiques que les recherches de la science moderne ont peu à peu livrés à la curiosité humaine : le LSD, les amphétamines, l’ecstasy… Évolutive, cette liste est susceptible d’intégrer à l’avenir des produits que nous ne connaissons pas encore, tandis que le débat fait rage pour savoir si certains d’entre eux, le cannabis notamment, ne devraient pas en être exclus du fait de leur faible toxicité.
Indécise, la notion de drogue caractérise aussi bien des produits hypnotiques que des stimulants ou des hallucinogènes, aux pouvoirs addictifs très variés. Dans son sens actuel, le terme ne désigne qu’une petite sous-partie de l’immense réservoir de substances psychoactives d’origine naturelle, dont l’usage par les hommes, à des fins très diverses, remonte à la nuit des temps. Parmi elles, le cannabis, la coca et le pavot ont joué un rôle fondamental dans la vie des sociétés humaines. Leurs graines, leurs feuilles, leur suc ou leur résine recèlent des principes actifs, les alcaloïdes, qui en font de puissants modificateurs de conscience ainsi que de remarquables remèdes. Médicaments, coupe-faim, stimulants, dopants, elles s’intégrèrent aussi très tôt à des pratiques mystiques. Encadrés, maîtrisés et rattachés à une puissante symbolique religieuse et sociale, leurs usages pouvaient en revanche difficilement dériver vers des formes déréglées et déviantes.