Comment lutter contre la dépendance physique ?
Qu ‘est-ce que le syndrome de sevrage ?
Le syndrome de sevrage est le résultat de l’arrêt brutal ou de la diminution importante des apports de nicotine chez un fumeur en état de dépendance physique. Un des signes associés les plus importants , conséquence des troubles de sevrage, est décrit dans les ouvrages anglo-saxons sous le nom de craving; la traduction est difficile car nous n’avons pas d’equivalent en français: c’est le désir très intense de fumer, pour calmer les différents troubles lies au manque de nicotine, avec une pulsion irrésistible et un besoin physiologique qui ne peuvent pas être maîtrises.
Ceux-ci peuvent être compares au besoin instinctif de manger ou de boire lorsqu’ on a faim ou soif; ils s’accompagnent d’une pensee obse- dante de la cigarette, avec gène considérable dans toutes les activités quotidiennes; ces troubles sont d’autant plus
intenses que la dépendance physique est plus importante; ils s’accentuent progressivement au fil des heures et des jours.
Comment se manifeste le syndrome de sevrage?
Les diverses manifestations caractéristiques du syndrome de sevrage, ne sont pas obligatoirement toutes présentes et sont le plus souvent dissociées dans le temps.
L’irritabilite, les troubles du caractère, l’agitation, les accès de colère sont toujours associés au besoin de fumer: ils peuvent être très intenses et constituer une source de conflit dans la vie quotidienne, familiale, professionnelle. Leur présence est une cause fréquente de reprise des cigarettes; souvent l’entourage, le conjoint, les collègues poussent alors le sujet a refu- mer, car il est devenu impossible a vivre!
Les perturbations du sommeil sont très variables d’un individu a l’autre, souvent associées a l’anxiete ou a la « deprime »; elles se manifestent soit par des difficultés d’en- dormissement, soit plus rarement par des réveils nocturnes.
L’humeur dépressive, en anglais depressive mood, apparaît plus tardivement, du 3e au 6e jour, avec une intensité variable, mais toujours associée a une certaine somnolence, une apathie.
- Les troubles de la concentration intellectuelle, de l’attention, de la vigilance s’exteriorisent plus ou moins selon le type d’activites du sujet.
- Les variations de l’ appétit sont de même très variables d’un sujet a l’autre.
Le ralentissement du pouls est quasi constant; c’est un excellent moyen de caractériser le manque de nicotine et sa mesure devrait être systématique, comme celle de la pression artérielle.
Tous ces troubles sont les causes principales des difficultés et des échecs a court terme; ils sont essentiellement lies au manque de nicotine et peuvent être considérablement améliorés par le traitement de substitution nicotinique.
Combien de temps dure le syndrome de sevrage?
L’intensite et la durée du syndrome de sevrage sont très variables d’un cas a 1’autre; en l’absence d’aide pharmacologique, il dure en moyenne trois a quatre semaines, mais certains des signes peuvent se prolonger plusieurs mois, s’attenuer et reprendre ensuite. Les troubles, même s’ils sont très intenses, disparaissent très rapidement des que le sujet reprend les cigarettes; cette action ressentie comme merveilleuse est bien entendu une incitation permanente a la récidive.
En cas de forte dépendance et en l’absence de traitement par la nicotine, la plupart de ces malaises n’ont pas le temps de se développer, car 1’intensite des pulsions a fourrier et les changements d’humeur entrainent de telles perturbations dans la vie sociale et familiale que le sujet se remet a fumer au bout de quelques jours. En réalité, l’envie de fumer dépend d’un mecanisme complexe dont l’analyse est difficile. Le craving, compulsion a fumer, peut résulter de meca- nismes divers. A cote du besoin physiologique, existe la tentation liée a l’environnement et aux divers facteurs psychologiques. Il y a toujours intrication et sommation entre les multiples stimulé (revoir la figure 12, page 139).
Pour maîtriser les envies de fumer, il sera indispensable de bien avoir ce schéma présent a l’esprit, car il faut agir sur les différents éléments qui s’additionnent les uns aux autres.
Comment peut-on traiter le syndrome de sevrage ?
Comment compenser le manque de nicotine ?
Pour compenser ce manque et les effets du syndrome de sevrage, le traitement de substitution nicotinique est actuellement le plus efficace que l’on puisse proposer, mais son utilisation doit obéir a des régies précises. Ce n’est pas, contrairement a ce que l’on avait cru au début, une potion magique qui régie tous les problèmes. Ce traitement n’est utile que chez les fumeurs dépendants physiquement a la nicotine, en tenant compte des critères qui ont ete longuement développes et en particulier du score au questionnaire de Fagerstrom qui doit être supérieur ou égal a 5.
Depuis le debut de l’annee 2000, les substituts nicotiniques sont maintenant disponibles en pharmacie, sans ordonnance. Cette mesure a pour objectif de permettre a beaucoup d’entre vous de tenter un arrêt sans aide médicale, ce qui devrait théoriquement augmenter le nombre de tentatives en facilitant l’acces a ces produits. Mais une motivation réelle et solide reste indispensable. Il est évidemment nécessaire que les pharmaciens aient ete formes pour pouvoir évaluer la nature et l’intensite des dépendances et qu’ils puissent ensuite vous conseiller utilement sur le choix du produit, son mode d’utilisation, les précautions d’emploi, la nécessite du suivi… Tout cela implique évidemment du temps et de la disponibilité. Des brochures vous seront remises, vous fournissant tous les renseignements utiles.
Les laboratoires pharmaceutiques fabriquant les substituts nicotiniques ont mis en place une aide téléphonique et des carnets de suivi hebdomadaire. Tout cela est utile, mais surtout si votre dépendance a la nicotine n’est pas trop importante. En fait, ce peut être une première démarche, mais en cas de difficultés, devant la survenue de manifestations imprévues ou de tout signe anormal, il ne faut surtout pas vous décourager, conclure « le timbre ne marche pas » et perdre votre motivation.
Il est alors nécessaire de reprendre le problème et de chercher auprès de votre médecin de famille ou, si celui-ci vous le conseille, auprès d’un centre de tabacologie, l’aide medicalisee indispensable pour surmonter les difficultés.
Les substituts nicotiniques existent sous plusieurs formes:
• Une gomme a 2 mg peut suffire si la dépendance n’est pas trop importante et est avant tout psychologique. il est nécessaire de bien respecter les modalités d’utilisation. La gomme-nicotine ne doit pas être mâchée rapidement et intensément comme un chewing-gum: elle doit être sucée et mastiquée très lentement; les intolérances sont le plus souvent liées a une mauvaise utilisation.
• Une gomme a 4 mg est réservée aux fumeurs avec forte dépendance.
• Une tablette Microtab a 2 mg se présente sous la forme d’une pastille a placer sous la langue et qui fond en quinze a vingt minutes. Elle possède l’avantage d’etre discrete et rapidement active.
• Un inhaleur permet d’obtenir rapidement une quantité de nicotine comparable a celle d’une cigarette. il est base sur le même principe que les procèdes d’inhalation utilises dans l’asthme.
• Les timbres, ou systèmes transdermiques, sont les plus utilises et doivent être remplaçes tous les jours: en effet la nicotine diffuse lentement et régulièrement a travers la peau, soit pendant seize heures, soit pendant vingt-quatre heures.
Avec les timbres, les apports de nicotine peuvent être plus importants, plus réguliers et être modules en fonction des besoins. Il est utile de pouvoir disposer de plusieurs formes galéniques en cas d’intolerance ou de difficultés avec l’une d’entre elles.
En respectant ces conditions, les résultats a court terme sont remarquables. La pulsion a fumer, les troubles de l’humeur peuvent être considérablement réduits et l’ arrêt du tabac est obtenu dans des conditions de confort incomparables, ce qui renforce la motivation du fumeur: il peut en effet apprécier tous les bienfaits a court terme de l’abstinence.
Si la dose de nicotine est suffisante, la pulsion a fumer, principal critère pour adapter la posologie, est considérablement atténuée: le sujet résiste alors facilement aux envies comportementales et psychologiques; en même temps, l’ irritabilité et la nervosité ne doivent pas se manifester.
Mais l’action sur les autres éléments du syndrome de sevrage peut être variable d’un fumeur a l’autre; en cas de forte dépendance, il est utile d’evaluer avec l’aide d’une fiche de suivi révolution de la situation de chacun.