Certaines langues prédisposent-elles à en parler d'autres ?: fréquence sonore des langues
L’oreille humaine capte les sons, à la naissance, selon une bande de fréquence qui va de 20 à quelque 20 000 Hz . Pour ce qui les concerne, les langues sont parlées dans une bande passante moyenne allant de 300 à 3 000 Hz. Avec le temps, le cerveau focalise son attention sur cet intervalle ; si la langue n’est certes pas vitale, elle n’en permet pas moins de communiquer. Or, il n’y a pas deux langues identiques d’un point de vue acoustique.
Les spécialistes du son les discriminent selon leur bande passante respective. Celle du français est assez étroite : entre 1000 et 2 000 HZ. L’anglais, plus large, s’étale entre 2 000 à 12 000 Hz, tandis que les langues slaves, le russe en particulier, battent tous les records en se situant entre 125 et 8000 Hz. Nous n’avons donc pas tous la même oreille, parce que la langue que nous parlons influence directement sa qualité. Les Russes sont plus habitués à entendre des sons très graves et aigus parce qu’ils émettent, en parlant, des fréquences très basses ou très hautes. De même, les Anglais sont plus aptes à percevoir les sons très aigus qu’ils savent eux-mêmes émettre.
Habitués à la bande passante étroite de la langue française, nous avons du mal à discriminer spontanément toutes ces fréquences différentes, qui portent des phonèmes, des mots, des syllabes, des intonations que nous
percevons mal, produisant un bruit de fond pénible. Nous les mélangeons, nous les confondons, parce que notre système auditif a peu de sensibilité dans ces gammes de fréquence. En revanche, les locuteurs slaves nous entendent parfaitement parce que leur gamme de fréquences audibles dépasse largement la nôtre. Sans nous comprendre, ils savent au moins repérer les formes sonores qui signent notre langue.
Aussi les Slaves sont-ils plus aptes que nous à apprendre une langue étrangère parce qu’elle s’imprime plus aisément dans leur cerveau. Voilà qui expliquerait notre notoire faiblesse nationale dans l’exercice et la connaissance de l’anglais, situé, si l’on ose dire, un ton trop haut. Mais nous avons plus de facilité pour l’italien et l’espagnol, deux langues dont la bande passante est comparable à la nôtre (de 200 à 4000 Hz), sans compter que les vocabulaires sont aussi proches, ce qui aide, dans un second temps, à l’identification des sons entendus, reconnus et enregistrés.
Bien des facteurs concourent à ces différences de bande passante. L’un d’eux est environnemental. Le son, c’est de l’air, et l’air n’est pas le même partout. Pour preuve, les sons se déplacent plus vite et mieux dans un air sec que dans un air humide. Le vent influence grandement leur transmission, de même que la température qui fait « monter » ou descendre les sons. En raison de différences entre les conditions moyennes de température, de précipitations, de saisons, chaque région du monde aurait donc une « couleur » sonore particulière à laquelle l’homme ne pourrait que se plier. Il « faudrait » parler d’une certaine façon dans certaines aires, parce que les oreilles et les cordes vocales ont dû s’adapter à un air différent. Ainsi, il faudrait chanter au nord de la Méditerranée, nasaliser en Amérique du Nord, claquer la langue au sud de l’Afrique… Pure allégation, toutefois. Si le milieu joue, il n’est sûrement pas le seul facteur.
Dans la genèse des accents, dont la diversité est à proportion de celle des régions dans un pays comme la France, les facteurs culturels sont certainement prépondérants. Cette théorie est intéressante car elle révèle des pistes pédagogiques fertiles. Éduquer son oreille à la gamme de fréquences d’une langue étrangère avant de commencer à l’apprendre serait susceptible de faciliter son assimilation. Cela pourrait expliquer le nasonnement adopté par tout migrant qui s’installe en Amérique du Nord, quelle que soit sa langue maternelle originelle. A l’image des adaptateurs de prise de courant, des chercheurs envisagent même de mettre au point des prothèses auditives qui faciliteraient l’écoute du irthme, de la musique propre à toute langue.
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