Bien respirer : avec le ventre, et par le nez
Ce verbe ne fait que traduire le processus biologique grâce auquel la respiration apporte à notre organisme l’oxygène qui lui est indispensable et le débarrasse du gaz carbonique produit par le travail des muscles et rejeté dans le sang. Les mouvements respiratoires inspiration et expiration de l’air s’effectuent à un rythme différent selon l’activité physique du moment : rythme lent au repos, de plus en plus rapide au fur et à mesure que l’effort s’accroît. Tous les sportifs connaissent ce phénomène. Et pour cause, lorsqu’ils perdent le contrôle de leur respiration, ils prennent le risque de s’effondrer, à bout de souffle. Et cependant, les athlètes, si attentifs au développement des muscles qui permettent l’amélioration de leurs performances, négligent très souvent de s’intéresser à ces autres muscles qui conditionnent le bon fonctionnement de tous les autres : les muscles de la respiration. Il s’agit essentiellement des muscles, dits intercostaux, qui commandent l’écartement des côtes de façon à augmenter le volume de la cage thoracique. On les entraîne à l’effort en pratiquant ces exercices qui constituaient jadis le b, a, ba de la gymnastique, les fameux « mouvements respiratoires », base de 1’« éducation physique » dispensée dans les cours d’écoles, les stades et les casernes. Il n’est pas du tout superflu de les remettre au goût du jour, car ils ont depuis longtemps fait la preuve de leur efficacité.
Leur principe est simple, qu’on les pratique en station debout, les jambes légèrement écartées, ou en marchant. Premier temps : on inspire profondément pendant que les bras sont d’abord tendus en avant – droit devant soi – puis dressés à la verticale dans le prolongement du corps, avant de redescendre latéralement, en croix, à l’horizontale. Second temps : on expire fortement en rejetant, à fond, l’air des poumons, tandis que les bras redescendent en se rejoignant droit devant soi, puis en croisant les mains à hauteur des genoux pendant que le buste s’est lui aussi penché vers l’avant pour permettre aux poumons de bien se vider, (renouveler ces mouvements une vingtaine de fois).
Il existe un autre type de gymnastique respiratoire, peu pratiqué en Occident. En revanche, il est fréquemment associé aux gymnastiques pratiquées en Extrême-Orient, tout spécialement en Inde et en Chine. II s’agit de la respiration abdominale. Elle consiste à rentrer le ventre de façon à comprimer les organes de l’abdomen (foie, estomac, intestin). Ce
mouvement a pour effet de soulever le diaphragme (qui sépare le ventre et le thorax), et de chasser l’air des poumons. Cet exercice, renouvelé plusieurs fois de suite, provoque un massage intérieur des organes précédemment cités, d on une stimulation de leur fonctionnement facilitant les réactions du système digestif.
La plupart des spécialistes de la respiration (pneumologues), insistent sur le fait que les mouvements respiratoires doivent s’effectuer en inspirant et en expirant par le nez, d’abord pour éviter que les impuretés de l’atmosphère envahissent directement les bronches, sans avoir été filtrées par les muqueuses, favorisant ainsi diverses infections pulmonaires, ensuite parce que le circuit naturel de l’air inspiré passant par le nez, la température de l’air ambiant s’équilibre avec celle des poumons.
La respiration est à l’évidence un acte automatique et généralement inconscient. On est donc trop souvent tenté de ne pas y prêter attention. Grave erreur ! Dans la vie courante, la règle d’or est d’essayer d’adapter les mouvements de son corps à la respiration, plutôt que l’inverse. Si l’on s’essouffle, c’est parce que le rythme respiratoire ne correspond pas à l’activité du moment. En voulant contraindre sa respiration, on risque de ressentir des troubles divers : fatigue, vertiges, éblouissements. C’est donc la cadence de l’exercice qui doit changer jusqu’à ce que le rythme respiratoire redevienne normal. Seul un entraînement régulier et progressif (la marche, le jogging, le vélo…) permet d’acquérir l’équilibre souhaité entre les fonctions musculaires et respiratoires.
Toute autre méthode, visant à dépasser les limites de la capacité respiratoire, sont exclusivement réservées aux athlètes de très haut niveau, aux plongeurs très exercés et aux cosmonautes aguerris.