Atteintes vestibulaires de l'oreille interne:Vertige paroxystique positionnel bénin
De très loin, la plupart des patients ayant des vertiges vrais souffrent de vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB). Il a été décrit initialement il y a bien des années par Dix et Hallpike, mais c’est le Dr John Epley qui l’a réétudié plus récemment. Il a mis au point une manœuvre curative fiable qui peut être réalisée au cabinet. On a découvert, avec preuves anatomiques à l’appui, que le vertige de ces patients est dû à des débris otolithiques (maintenant appelés canalithes) passés dans le bras long du canal semi-circulaire postérieur. Il s’agit d’otolithes déplacés qui normalement se trouvent au- dessus des stéréocils des cellules ciliées de l’utricule sensibles aux changements de position. Un choc sur la tête ou des causes moins claires entraînent leur déplacement au mauvais endroit. Ils entraînent une altération physique des mouvements liquidiens dans le canal semi-circulaire et il en résulte la séquence symptomatique que l’on retrouve dans cette atteinte.
Typiquement, le patient se plaint d’un vertige pendant quelques secondes à une demi-minute quand la position de la tête change par rapport à la gravité. Cela arrive habituellement en position couchée, en se levant du lit, en regardant en l’air ou en se penchant en avant. En position allongée, cela arrive quand le patient se retourne d’un côté spécifique. Un antécédent de traumatisme crânien peut exister, mais pas obligatoirement. Les symptômes sont souvent sans rémission et, après un certain temps, le patient apprend à éviter les positions les plus susceptibles de déclencher son vertige ou, alors, ne se meut qu’avec une grande prudence dans certaines directions. Il n’y a pas de déficit auditif associé.
La manœuvre de Hallpike, un passage rapide de la position assise à la position couchée, la tête étant en hyperextension et tournée à 45° du côté atteint, entraîne un vertige et un nystagmus rotatoire. Habituellement, le nystagmus apparaît après un temps de latence de quelques secondes et cède au bout de 30 secondes ou moins. Cette manœuvre diagnostique peut être faite au cabinet. L’ENG, si cette manœuvre est effectuée pendant des épreuves positionnelles, permettra de documenter cette constatation. Ce mal est habituellement unilatéral et c’est l’oreille qui est la plus basse quand survient le nystagmus qui est la responsable.
Avant les manœuvres mises au point par Epley, le traitement se limitait à rassurer le patient et à prescrire de la méclizine ou un équivalent, ce qui avait peu d’effet sur cette maladie particulière. L’évolution clinique restait chronique et récurrente. Maintenant, on dispose de la manœuvre de repositionnement des canalithes, une manipulation assez simple, conçue pour faire sortir les débris otolithiques du canal postérieur. Elle est souvent efficace dès le premier essai et son taux de succès augmente avec sa répétition. illustre la manœuvre d’Epley.
Résumé
Le vertige paroxystique positionnel bénin est le plus commun des syndromes vertigineux. Il est reconnaissable de manière caractéristique par la survenue d’un vertige vrai lorsque l’on allonge le patient, la tête tournée d’un côté. D’autres changements de position peuvent aussi le déclencher. Il n’y a pas d’autres symptômes concernant l’oreille ou l’audition. Une anomalie vestibulaire unilatérale a été démontrée et la manœuvre d’Epley, bien décrite, a souvent un effet curatif. Le généraliste peut en faire le diagnostic au cabinet en faisant la manœuvre de Hallpike ou adresser le patient pour ENG, pour documenter le nystagmus. La manœuvre d’Epley peut alors être effectuée. Si le clinicien a le moindre doute, il peut avoir recours à l’ORL.