Pourquoi est-elle si mal détectée ?
Bien que la dépression périnatale soit mieux connue de nos jours,elle n’est détectée que dans une minorité de cas. Les raisons sont
multiples :
- Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, les femmes se montrent plus réticentes à être aidées durant la période périnatale. Dans le post-partum, leur attention est focalisée sur le bébé et elles pensent moins à elles.
- Elles ne reconnaissent pas souvent la dépression et attribuent leur état à la nouveauté de l’arrivée du bébé. Le début de la maladie est parfois confondu avec des symptômes attribués aux suites de l’accouchement : fatigue, nervosité, anxiété, difficultés relationnelles avec le bébé.
- Alors qu elles avaient des contrôles réguliers chez leur gynécologue avant l’accouchement, elles sont moins en contact avec le corps médical ensuite.
- Lorsque la femme prend conscience qu’elle a besoin d’aide, elle n’ose pas toujours en demander. Elle a honte et ne veut pas évoquer ses difficultés émotionnelles. La crainte de ne pas être une bonne mère, d’être cataloguée de malade mentale ou jugée incapable de s’occuper de son bébé est souvent présente. Sans doute est-il inconcevable d’être déprimée alors que l’image convenue et idéalisée de la jeune mère est celle d’une femme comblée? Si elle se décide à consulter, elle tend à minimiser ses symptômes et à mettre en avant des signes plus «acceptables» tels que la fatigue, les douleurs, les troubles du sommeil.
- Parfois la femme ne sait pas où s’adresser, à qui demander de l’aide. Elle n’a plus de rendez-vous chez son gynécologue, elle voit le pédiatre de l’enfant, mais pense que ce n’est pas le lieu pour parler d’elle. Elle n’a pas revu son généraliste depuis plusieurs années et ne sait pas comment aborder ce sujet. Elle ne connaît pas de centre spécialisé, etc.
- Enfin, c’est parfois l’entourage qui la dissuade de consulter Dans certaines cultures, il n’est pas recommandé de parler de ses difficultés émotionnelles en dehors de la famille.
- Les professionnels de la santé peuvent eux aussi contribuer à la banalisation des symptômes. Ils sont souvent peu informés sur la dépression périnatale et n’en reconnaissent pas toujours les symptômes. Ils ne savent pas quelle attitude adopter avec une femme déprimée : Quand faut-il s’inquiéter? Comment .- traiter? Où l’adresser?