L'industrie pharmaceutique : Le scandale de la thalidomide
Revenons maintenant à cette période 1935-1975 qui a vu triompher la révolution thérapeutique. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle n’a pas été une partie de plaisir. Très vite, les tensions entre le rythme accéléré des découvertes et la nécessité de gérer les risques ont amené les pouvoirs publics à renforcer leurs contrôles. Au niveau international, les conséquences terribles de la thalidomide ont été l’événement obligeant les pouvoirs publics à un sursaut : l’industrie pharmaceutique devait être mise sous surveillance.
La thalidomide est un tranquillisant mis sur le marché en 1957, d’abord en Allemagne. Il n’est pas déconseillé aux femmes enceintes, alors qu’il n’a fait l’objet que de très peu d’études de toxicité. En 1961, les premiers doutes se manifestent et il est retiré partout du marché en 1962. On estime à 12 000 le nombre d’enfants nés avec des malformations à cause de la prise de ce produit par leur mère (il y aurait aujourd’hui 5 000 survivants). Or, la toxicité de la thalidomide était visible sur les embryons de souris, de lapin, de poulet et de singe, mais pas de rat, et c’est seulement sur cette espèce que des essais avaient été faits par le laboratoire inventeur, Chemie Griinenthal.
Plusieurs faits sont intéressants à souligner. D’abord la vitesse avec laquelle un médicament est alors mis sur le marché : la thalidomide est synthétisée en 1954, les premiers tests cliniques sur des patients ont lieu en 1955 et le médicament est mis sur le marché allemand en 1957, sur les marchés français, anglais et canadien en 1958. Tout est joué en trois ans. Tous les pays se contentent du dossier de l’entreprise allemande, qui était spécialisée dans les cosmétiques — sauf peut- être les États-Unis, même si les raisons de la non-homologation du produit ne sont pas liées à sa toxicité. On s’apercevra beaucoup plus tard qu’aucune des expériences de pharmacodynamique que Chemie Griinenthal prétendait avoir faites sur des rats n’était reproductible par d’autres équipes de chercheurs.
Avant même cette affaire, dont le retentissement fut international, la France avait connu d’autres accidents, dont le plus grave fut celui du staiinon (sic). Il s’agissait d’un produit composé de sels d’étain et de vitamine F, destiné à soigner les furonculoses résistantes aux antibiotiques. En 1954, plusieurs personnes traitées avec ce produit furent atteintes de lésions inexpliquées au cerveau. Des patients perdaient leur acuité visuelle, souffraient de troubles urinaires, plongeaient dans le coma et mouraient. On a constaté cent deux décès et plus de cent infirmes dus au stalinon. Comme de nombreux médicaments français à l’époque, ce dernier est né de l’imagination d’un pharmacien d’officine entreprenant. Il a été confié à un professeur de médecine qui l’a donné à ses patients après quelques études de toxicité. Sans plus de précautions, il a reçu un visa et sa fabrication a commencé à une échelle industrielle. La faiblesse de la législation française dite des visas a commencé alors à être mise en cause. Il faudra pourtant attendre 1972 pour que soit instituée l’autorisation de mise sur le marché accordée sur la base des résultats d’essais cliniques contrôlés.
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Cet article manque de données importantes en ce qui a trait à la commecialisation de la Thalidomide au Canada et aux États-Unis. En effet, le fabricant américain Richardson & Merrel avait acheté le brevet de la compagnie allemande pour le commercialisé en Amérique du Nord. Or, il s’est avéré que ladite compagnie américaine avait falsifié les données des résultats obtenus à la suite des des tests en laboratoires. Le Canada avait autorisé la vente de ce médicament sur la base des documents remis par la Richardson & Merrel alors que les États-Unis, par leur agence de la F.D.A., avait rejeté la demande de commercialisation sur la base des mêmes documents. Il y a aussu bien d’autres éléments importants absents dans la présentation de ce texte. De la part d’une victime de la Thalidomide du Canada.