Les jeunes tunisiens et la drogue : Ya-t-il de quoi s’alarmer ?
La consommation de la drogue est un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui et auquel beaucoup de personnes, essentiellement jeunes s’adonnent dans le monde. La Tunisie ne fait pas l’exception, bien que la loi interdise la culture, la consommation et la distribution des stupéfiants…A quel point les jeunes tunisiens sont-ils touchés par ce phénomène ? Quelles sont les drogues les plus utilisées ? Quelles sont ses causes et quelles sont les solutions envisageables ?
Loi et statistiques
L’actuelle loi relative aux stupéfiants en Tunisie prévoit une peine de prison d’un à cinq ans et une amende de mille à trois mille dinars contre tout consommateur de stupéfiants. La production, la détention, le transport et la distribution de stupéfiants sont passibles de peines beaucoup plus graves, pouvant atteindre jusqu’à 20 ans de prison et 100 mille dinars d’amende, pour quiconque fait passer en contrebande, importe, exporte des stupéfiants dans l’intention de la circulation ou du trafic. Cette loi, considérée par certains comme rigide et sévère, surtout en ce qui concerne les consommateurs, n’a pourtant pas fait preuve de grande efficacité.
Il n’ya malheureusement pas de chiffres officiels concernant le taux de consommation de la drogue en Tunisie, et les enquêtes faites à ce sujet, restent limitées. Une étude réalisée en 2005 par l’Institut National de Santé Publique, auprès d’un échantillon formé de 2953 personnes d’une tranche d’âge entre 15 et 24 ans, a démontré que 10 % de cet échantillon ont déjà consommé une drogue et 3,3 % continuent à en consommer au moment de l’enquête. Elle a également démontré que 3,5 % de cette population recourent aux injections comme moyen de se droguer.
Une autre étude portant sur 367 patients hospitalisés pour une prise en charge de leur toxicomanie, a révélé que 78 % ont commencé à consommer la drogue avant l’âge de 20 ans et 63 % entre 15 et 20 ans. D’après cette étude, les principaux produits consommés sont le cannabis (90,2 %) et l’artane (28,5 %). Ces deux enquêtes nous montrent que la première consommation de drogue intervient souvent durant l’adolescence.
Les causes de la consommation
Beaucoup de facteurs poussent les jeunes à s’adonner à la drogue, mais on considère que ceci est dû essentiellement à la précarité économique. Il est vrai qu’il existe, dans les milieux aisés aussi, des jeunes qui s’adonnent à la drogue mais ceci reste assez limité et occasionnel. La plupart des drogués et toxicomanes viennent d’un milieu social assez défavorisé, souffrant du chômage et du manque d’instruction. Ceci est confirmé par les chiffres révélés par l’Association Tunisienne d’Information et d’Orientation sur le Sida (Atios), qui a présenté une étude sur un échantillon de 715 usagers de drogue issus du Grand-Tunis, de Bizerte et de Sousse. D’après cette étude, 60% de l’échantillon sont des chômeurs et 55,3% sont d’un niveau d’instruction primaire.
D’autres causes expliquent ce comportement à risque. La coercition sociale et la relative facilité d’accès à certaines substances en seraient une. En plus, les problèmes familiaux, le manque de communication et le tabou qui entoure le sujet, peuvent pousser à la consommation de la drogue. Mais qu’appelle-t-on exactement drogue ?
Des opinions divergentes
Une drogue est « un composé chimique, biochimique ou naturel, capable d’altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales ».
Dans ce contexte, on note que les spécialistes ont des avis divergents sur ce qui est et ce qui n’est pas une drogue. Tandis que beaucoup de chercheurs (généralement étatiques) insistent sur les méfaits de toutes les drogues et l’effet de la dépendance qu’elles engendrent chez l’être humain, d’autres (généralement indépendants), affirment par exemple, que le cannabis (la substance la plus utilisée en Tunisie) est une herbe guérisseuse de beaucoup de maladies, notamment la migraine, l’asthme, l’insomnie, le rhumatisme, le choléra et le tétanos. Le cannabis ne serait nocif que lorsqu’utilisé à un rythme très accéléré, et il ne susciterait aucune dépendance physique. Aussi, l’utilisation thérapeutique du cannabis est admise aujourd’hui dans plusieurs pays du monde et beaucoup de médecins et de patients reconnaissent ses bienfaits.
D’autre part, beaucoup de chercheurs considèrent le tabac et l’alcool comme des drogues et affirment qu’elles sont plus nocives que le cannabis. Ceci est très alarmant lorsqu’on sait que près de 55% des jeunes tunisiens (entre 12 et 20 ans) sont des fumeurs réguliers.
Solutions possibles
On note que la répression n’est pas très efficace pour lutter contre la consommation de la drogue, quelles que soient leur type. Etant un phénomène qui dépend de beaucoup de facteurs, aussi bien sociaux que psychologiques, c’est la lutte contre ces facteurs de cause qui contribuera à la minimisation et l’abolition du phénomène. Aussi, traiter le sujet sans tabous ni non-dits est très important pour sensibiliser les jeunes consommateurs, et surtout éventuels futurs consommateurs. L’élaboration d’une enquête nationale pour pouvoir mesurer l’ampleur de ce phénomène, et la création de nouveaux centres qui prennent en charge les toxicomanes sont très importants pour le renforcement de la lutte contre la consommation de la drogue en Tunisie. Enfin, il faudra cibler et punir les trafiquants plutôt que les consommateurs et traiter ceux-ci en malades plutôt qu’en criminels.
Conclusion:
La consommation de la drogue par les jeunes est un phénomène assez répandu en Tunisie, et il est du devoir de l’état, de la société et de la famille d’y remédier à travers une meilleure éducation, une meilleure communication et de meilleurs soins.
2 réponses pour "Les jeunes tunisiens et la drogue : Ya-t-il de quoi s’alarmer ?"
Il n’y aurait pas un centre de désintox actuellement ouvert en Tunisie ?
tres bon sujet 🙂