Les effets de l'âge sur les différentes modalités sensorielles et activités perceptives : L’audition
Une modalité sévèrement touchée
Il est d’observation courante que l’audition ou l’ouïe est très sensible à l’effet du vieillissement. On se moque facilement des âgés en imitant la personne sourde qui fait répéter à loisir les propos de ses proches afin de les comprendre. De nombreux sketchs d’humoristes ont pris ce thème comme sujet de moquerie. Le nombre de personnes appareillées de prothèse auditive (porteuses de sonotone) augmente significativement avec l’âge. Cela provoqué par une dégénérescence de l’appareil auditif et par des d’audition appelées presbyacousie.
L’appareil sensoriel
Le système auditif humain est constitué de trois parties. La première est l’oreille externe qui comprend le pavillon et le conduit auditif. Le pavillon durcit, s’épaissit, s’approfondit et s’allonge chez la personne âgée. La deuxième est l’oreille moyenne faite du tympan, de la chaîne des osselets (trois os : le marteau, l’enclume et l’étrier), de la fenêtre ovale et de la trompe d’Eustache. Les modifications observées au niveau du tympan et de la chaîne d’osselets sont importantes mais semblent peu liées au phénomène de presbyacousie. La troisième partie est l’oreille interne qui contient le système vestibulaire (déjà décrit) et les récepteurs des cellules auditives et vestibulaires. Les récepteurs des cellules auditives constituent me structure appelée la cochlée qui est remplie d’un liquide qui se déplace sous l’effet des vibrations sonores. Ces déplacements excitent les terminaisons de cils de cellules constitutives de la paroi interne de la cochlée ¿r pelée organe de Corti. C’est à ce niveau que les vibrations sonores sont transformées en influx nerveux. Il semble que la dégénérescence progressive au cours de l’âge de ces cellules ciliées soit responsable de la baisse auditive de la personne âgée (Whitboume, 1985).
Les effets de l’âge
Les seuils absolus de perception, en particulier des sons purs (hautes fréquences), augmentent à partir de 40 ans (Corso, 1984). Le phénomène est plus important chez l’homme que chez la femme, probablement en raison des conditions de vie et professionnelles (exposition aux environnements bruyants). En revanche, les seuils différentiels semblent peu affectés par l’âge.Plus précisément, la presbyacousie se traduit par une baisse dans perception des sons purs.
Elle est provoquée par quatre types de changements dans l’oreille interne (Olsho et al., 1985) :
- nerveux : perte neuronale (évaluée à 31 %) dans le circuit nerveux auditif :
- sensoriels : atrophie et dégénérescence (évaluée à 12 %) des cellules ciliées ;
- métaboliques : dysfonctionnement métabolique dans les cellules cochléaires (évaluée à 35 %) ;
- mécaniques : atrophie et épaississement des structures vibratoires de la cochlée.
Chacun de ces changements provoque une presbyacousie, mais la sévérité des symptômes est différente : les changements sensoriels ont des effets mineurs ; les changements nerveux affectent la perception du langage ; les changements métaboliques provoquent une perte d’audition pour toutes les tonalités ; et les changements mécaniques affectent l’audition de toutes les tonalités et particulièrement des hautes tonalités.
La perception du langage
La perception du langage est une nécessité sociale fondamentale. La personne âgée victime d’une sévère presbyacousie a tendance à vivre dans un environnement bruyant. Elle augmente très fortement le son de son poste de télévision ou de radio, elle demande en permanence à son entourage de répéter ses propos. Cela finit par incommoder l’entourage et il est alors banal d’observer chez la personne âgée un phénomène de retrait social. Elle n’écoute plus et ne communique plus.
Deux types de tests sont utilisés pour mesurer le niveau de perception du langage : le test de reconnaissance et le test de discrimination. Dans le premier, la personne doit reconnaître des mots courants prononcés avec une hauteur de voix habituelle. Dans le second, la personne doit différencier des mots avec des sons correspondant à leur fréquence dans sa langue maternelle. Les deux tests révèlent une baisse des performances en particulier après 50 ans (Olsho et al., 1985). Ce déclin est accentué dans les situations où le message à percevoir est en concurrence sonore avec du bruit ou avec d’autres messages linguistiques (Stine et al., 1986).
La remédiation
D existe des techniques de remédiation afin de compenser les effets de la presbyacousie chez la personne âgée. Elles reposent sur un double entraînement, celui de la lecture labiale et celui de l’audition. La première technique est utilisée inconsciemment par tous les adultes. Il est en effet inexact de croire que notre perception des messages linguistiques est exhaustive. Elle est en fait partielle. Cela ne nous empêche pas d’avoir le sentiment d’une perception totale. Nous compensons soit en complétant les sons entendus avec des sons manquants (il ne faut jamais oublier que la perception est une activité et non une réception passive), soit en inférant par lecture sur les lèvres le contenu du message de notre interlocuteur. La seconde technique entraîne les personnes âgées à ancrer leurs perceptions auditives sur des sons clés. La combinaison des deux techniques provoque une amélioration significative de la perception du langage. Malheureusement, peu de personnes âgées suivent une telle remédiassions qui est souvent jugée fastidieuse voire fatigante. En revanche, beaucoup d’entre elles sont appareillées, ce qui permet une relative compensation dans certains registres auditifs.