les drogues et addictions : La prévention
Prévenir, c’est informer
Mais pas seulement. Trop souvent, on se représente la prévention sur le mode de la vaccination : on informe les jeunes des dangers des drogues afin qu’ils les évitent. C’est le sens des grandes campagnes médiatiques qui fleurissent pendant quelques semaines, puis disparaissent à tout jamais. Cela ne suffit pas.
Bien sûr, il est nécessaire de donner une information sur les drogues, les plus objectives possibles, et reposantes sur les connaissances validées du moment. Il faut aussi que cette information soit constamment disponible (on ne retient une information que lorsqu’elle est donnée au moment où l’on en a besoin), relayée sur le terrain (il faut s’assurer qu’elle est bien comprise du public auquel elle est destinée), et utilisable par ses destinataires (des campagnes antitabac sont inutiles si les services d’aide au sevrage ne sont pas en mesure de répondre aux demandes qu’elles suscitent).
Par ailleurs, cela ne suffit pas : il faut aussi, à travers des programmes et des actions sur le moyen et long terme, accompagner les adolescents dans la construction de leurs représentations des drogues, renforcer les facteurs de protection que sont la cohésion de leur environnement social, l’engagement dans des activités valorisantes et épanouissantes, la construction d’un rapport au monde satisfaisant pour eux-mêmes…
Assurément, l’information ne peut suffire à cela, tout juste doit-elle tenir sa place dans le travail beaucoup plus général et fondamental de l’éducation.
L’information sur les drogues ne peut pas donner aux adolescents des idées qu’ils n’avaient pas
C’est une vieille croyance ! La Société des nations, au début du siècle, considérait que dans les pays de faible endémie (dans lesquels la France se reconnaissait), il était préférable de ne rien dire sur les drogues, cela risquant d’éveiller la curiosité là où elle n’existait pas encore. Cette doctrine a ensuite été confirmée par l’ONU en 1951, et a longtemps constitué la règle en matière de communication sur les drogues. La conséquence de cette position est que le niveau d’information sur les drogues dans l’ensemble de la population est resté faible, que l’information circule sous le manteau et sans contrôle de sa fiabilité, véhiculant beaucoup d’idées dramatiquement fausses.
Ce n’est que depuis une dizaine d’années que les pouvoirs publics admettent que si les drogues peuvent être toxiques, l’information, elle, ne l’est pas, pour peu qu’elle soit adaptée à l’âge et à la situation des personnes auxquelles elle s’adresse.
Cela nécessite qu’elle soit apportée par de vrais professionnels, garants du contenu de l’information délivrée et du sérieux des outils informatifs utilisés. À ce propos, il faut se méfier d’informations diffusées sur Internet, parfois tendancieuses ou prosélytes.
L’omniprésence de cette information « libre » rend d’autant plus importante la diffusion auprès des jeunes d’informations homologuées scientifiquement. Pour pallier de possibles dérives, certains outils de formation et d’information sont régulièrement validés par les pouvoirs publics.
Les adolescents sont réceptifs aux discours de prévention
Tout dépend du discours. Les adolescents sont souvent allergiques aux discours moralisateurs ou à ceux ne leur présentant que les dangers des drogues, souvent majorés pour être plus convaincants… Ils sont aussi allergiques au mensonge ! Lors de la préparation d’une intervention avec un groupe d’enseignants et de parents d’un établissement scolaire, un professionnel faisait le point quant aux connaissances actuelles sur les drogues, leurs différentes dangerosités, etc. Tous les adultes présents convenaient de la pertinence de ce discours, mais l’un d’entre eux se demandait s’il fallait vraiment dire cela aux enfants, car cela lui paraissait trop peu dissuasif. Il prônait de ne dire que les aspects les plus négatifs des drogues, voire de les accentuer, c’est-à-dire de mentir…
Dans les années 1970, les discours de prévention ne distinguaient pas les drogues, et il était courant d’entendre que le cannabis pouvait provoquer des overdoses. Mais les adolescents ont su, au fur et à mesure de l’extension de sa consommation, qu’il s’agissait d’une idée fausse. Cela a certainement contribué à décrédibiliser la parole des adultes, et nombre d’actions de prévention ont dès lors été perçues comme des tentatives de manipulation.
Les discours de prévention auxquels les adolescents sont sensibles sont ceux qui s’intéressent à eux, ici et maintenant, pas ceux qui leurs prédisent un cancer dans trente ans. Tous, de nos jours, ont entendu (même s’il faut le leur répéter) que les drogues sont néfastes à leur développement et à leur santé. Mais des maladies à venir ne sont jamais des freins suffisants quand les drogues leur permettent pour un temps, illusoirement, de vivre mieux. C’est donc de leur quotidien qu’il faut parler, et pas seulement apporter de l’information, mais les écouter, les aider à trouver leurs réponses aux questions qu’ils se posent, et les aider à développer la « démocratie psychique » chère à Claude Olievenstein, qui est la meilleure prévention contre les usages de drogues. Cela demande de s’adapter aux adolescents que l’on rencontre, à leur cadre de vie, ainsi qu’un peu d’inventivité…
Il faut s’adresser aux jeunes
Les jeunes ne sont pas le seul public exposé aux consommations de drogues, mais de nos jours, ils grandissent dans un univers où les substances psychoactives licites ou non sont omniprésentes, et ils les rencontrent donc de plus en plus tôt. Il est essentiel d’axer une part importante du travail de prévention vers eux, afin de les aider à forger leurs propres modalités de réponse face à cette offre pléthorique de substances psychoactives. Il importe donc de mettre en place des actions :
— Pour éviter que les jeunes ne consomment des drogues, licites ou non, et au moins pour retarder les premières consommations. On sait en effet que plus les comportements de consommation commencent tôt, plus il sera difficile de les abandonner.
— Parce que l’organisme est en pleine transformation à l’adolescence et que les consommations de nombreuses drogues modifient pour une part la façon dont il se façonne, en particulier au niveau du système nerveux central.
— Enfin, parce que c’est la période de l’acquisition des connaissances scolaires et des compétences sociales que la consommation de drogues peut perturber au détriment de la trajectoire ultérieure des jeunes.
S’adresser aux jeunes permet aussi de dépister tôt ceux qui sont en difficulté, et de leur apporter l’aide précoce qui peut leur être nécessaire, aide psychologique, sociale et éducative.
Il ne faut pas faire peur aux jeunes pour les dissuader
La peur ne fonctionne qu’à certains âges, et pendant un laps de temps limité. On constate que pendant la préadolescence, les discours fondés sur la peur sont efficaces sur les plus jeunes, mais le sont de moins en moins à mesure qu’ils grandissent. La diabolisation des produits peut même parfois les rendre attractifs, pour ceux qui cherchent à se singulariser et à montrer qu’ils peuvent défier le danger.
Il ne sert donc à rien de dépeindre les drogues avec comme parti pris de ne montrer que l’horreur : d’une part parce que les jeunes n’y reconnaissent pas leur réalité, mais aussi parce que l’on s’habitue aux images de l’horreur et que leur efficacité immédiate s’atténue au fur et à mesure qu’elles sont réitérées. Nos journaux télévisés sont saturés de cadavres et de scènes d’horreur, sans que cela n’émeuve plus personne, alors qu’il y a trente ans, on s’interrogeait quant à la pertinence de montrer un mort au journal de 20 heures…
Il faut bien sûr faire connaître les dangers des drogues, c’est en partie le rôle de l’information, et si la peur peut parfois naître de l’information qui est faite sur les drogues, ce n’est pas elle qui doit être visée. Il faut aussi s’interroger sur les dommages collatéraux d’une telle information mal ciblée : que provoque-t-on chez cette petite fille à qui on explique à grand renfort de photos de poumons abîmés que le tabac tue, et qui rentre en larmes redoutant désormais la mort de sa maman fumeuse ? Que va-t-elle faire de cette angoisse ? La peur n’est pas un bon outil pédagogique. Elle peut frapper les esprits, mais les comportements qui en résultent sont imprévisibles, souvent irrationnels. Préférons-lui la vérité et la responsabilité.
On ne peut pas empêcher les adolescents de faire leurs expériences
Les expériences de l’adolescence sont à comprendre dans les deux sens du mot, c’est-à-dire expérimenter, essayer une nouvelle pratique, et aussi éprouver, connaître de nouvelles sensations. Elles ont une valeur structurante et il ne serait pas envisageable – ni souhaitable – d’empêcher par tous les moyens nos adolescents de réaliser leurs propres expériences.
Pour autant, il en est de plus dangereuses que d’autres, et il est de la responsabilité des adultes de baliser leur champ, y compris en posant des interdits… qui seront
parfois transgressés. Car il ne faut pas oublier que nombre de défis adolescents visent à rencontrer des limites, celles de son propre corps, de son propre vécu, mais aussi celles posées par les autres, l’entourage, la société. L’expérience n’est donc structurante que pour peu qu’elle puisse être reprise, problématisée, et que l’adolescent puisse prendre avec elle une distance suffisante pour qu’elle ne devienne pas la seule organisatrice de sa vie.
Cela signifie que la prévention doit s’appuyer sur l’éventuelle expérience vécue des adolescents, leur expérience à eux, et non pas simplement tenir des discours moralisateurs ou décrivant les dangers de comportements à risque. Pour certains adolescents qui aiment particulièrement se mettre en danger, on peut parfois utilement leur proposer la pratique de sports à forte charge émotionnelle, comme le saut à l’élastique, l’alpinisme, le canyoning, c’est-à-dire des activités où l’on éprouve dans son corps la sensation du risque, dans des conditions de sécurité néanmoins satisfaisantes.
L’expérience est inhérente à l’homme, elle le transforme en permanence, pour peu qu’elle s’inscrive dans une trajectoire de vie et qu’elle ne se pose pas en obstacle à son évolution.
C’est à l’école de faire de la prévention
Pour deux raisons. La première, c’est qu’à côté de sa mission d’enseignement, l’école joue un rôle très important dans la socialisation des enfants et des adolescents, elle a un rôle éducatif fort. C’est là souvent que s’expérimentent pour la première fois les valeurs démocratiques de respect de soi et de l’autre, qui aideront les jeunes à construire leur personnalité, leurs raisonnements, leur rapport au monde. La façon dont l’école se situe dans la transmission de ces valeurs laissera plus ou moins de place à l’utilisation personnelle des psychotropes. Il est à cet égard important que les lois de la République, telle la loi Évin sur le tabac et l’alcool, soient expliquées et respectées, par tous les usagers de l’école, élèves et enseignants.
De plus, l’école voit passer tous les jeunes et constitue donc un cadre de choix pour la diffusion de messages de prévention et pour proposer une aide aux adolescents qui paraissent déjà en difficulté : c’est une partie du travail des médecins, infirmières et assistantes sociales scolaires. On peut aussi penser qu’il serait utile d’introduire des notions de prévention, ou de promotion de la santé, dans les programmes mêmes.
Les enfants sont concernés à tous les âges, et dès la maternelle, on devrai! pmivnli leur enseigner la différence entre un bonbon, un aliment et un médicament, qui mil parfois tous le même goût.
La prévention conduite dans les établissements scolaires doit en effet s’adapte! à l’âge et à la maturité des élèves. Là encore, le succès des actions de prévention repose sur la qualité des méthodes employées et des intervenants mobilisés. Il existe par ailleurs dans nombre d’établissements scolaires (collèges et lycées) des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, qui visent à promouvoir la responsabilité et la santé des jeunes dans le cadre du projet d’établissement et qui coordonnent les interventions des différents services susceptibles d’intervenir en partenariat avec le milieu scolaire.
Est-ce que quand on fait du sport, on a moins de risque de se droguer ?
La mortalité prématurée de certains jeunes sportifs de haut niveau, succombant à des pathologies cardiaques avant 30 ans, fait douter de cette assertion. Ces dernières années, les médias se sont fait l’écho des problèmes de dopage, qui gangrènent le sport professionnel. Parmi les produits utilisés, certains appartiennent au monde du sport spécifiquement (EPO, stéroïdes anabolisants), d’autres se partagent équitablement entre sport et toxicomanie (héroïne, cocaïne, amphétamines, et 25 % des questions posées anonymement au numéro vert sur le dopage mentionnent le cannabis…). Malheureusement, le sport amateur est aussi concerné, dès lors que la compétition et la performance prennent le pas sur le plaisir de l’activité physique. Des études ont ainsi montré qu’entre 3 et 10 % des sportifs amateurs consomment des produits dopants. D’ailleurs, chez les jeunes, 11 % des scolarisés ont expérimenté au moins une fois au cours de leur vie un produit pour améliorer leurs performances physiques ou intellectuelles ! Il s’agit le plus souvent de produits de prescription courante plus que de produits réellement dopants et interdits, mais cela témoigne d’un comportement et d’un état d’esprit qui considère légitime d’augmenter ses performances par la voie médicamenteuse. Ces consommations concernent plus les garçons que les filles, sont souvent liées à la pratique d’un sport et dépendent de la nature de ce sport, certains se prêtant plus que d’autres au dopage. Par ailleurs, les pratiques de troisième mi-temps, où l’affrontement laisse place à la fête débridée avec les excès qui lui sont inhérents, exposent très certainement à des consommations anormales.
Pourtant, le sport protège, à condition de l’exercer modérément. Il constitue alors une activité rythmant la vie et incite à un équilibre et à une alimentation saine. Il semble que la plupart des adolescents pratiquant ainsi un sport consomment plutôt moins ou, dans le pire des cas, autant que les jeunes non sportifs. Toutefois, les adolescentes pratiquant un sport intensément consomment davantage de substances psychoactives que celles qui ne pratiquent pas ! Pourquoi ? Il y a peut-être un biais : ces adolescentes sportives sortent plus souvent de chez elles que les non sportives, se retrouvent plus souvent en groupe, vivent au même rythme que les garçons, et consomment comme les garçons ! Alors le sport contribue-t-il à développer « un esprit sain dans un corps sain » ? Certainement, à condition qu’il reste un plaisir, et, si l’on en fait son métier, qu’on sache s’entourer et renoncer à la tricherie du dopage.
La « réduction des risques » ne conduit pas à banaliser les consommations de drogues
La « réduction des risques » ne vise pas à banaliser les usages de drogues, mais à accompagner les usagers pendant leurs périodes de consommation, afin d’éviter qu’ils n’aggravent leur état de santé, physique, psychologique, ou leur situation sociale. Il est clair que la réduction des risques ne peut être une fin en soi et qu’elle doit s’intégrer dans une politique globale aux côtés de la prévention et du soin.
Cette notion, déjà ancienne dans des pays comme la Grande-Bretagne, les Pays- Bas ou la Suisse, est apparue en France vers la fin des années 1980, après que l’épidémie de sida a durement frappé la population des toxicomanes. Elle se décline autour de trois grands axes :
— L’accès au matériel d’injection stérile : une première mesure a été de remettre en vente libre les seringues, afin d’éviter leur partage et la transmission de maladies infectieuses. Les usagers de drogues peuvent actuellement se procurer en pharmacie ou dans des distributeurs des kits contenant tout le nécessaire à l’injection, voire des kits de « sniff », afin d’éviter la transmission de l’hépatite C.
— Le développement de lieux d’accueil dits « à bas seuil d’exigence », permettant à des personnes en période de consommation de drogues de trouver un lieu de
repos assorti de services d’échange de seringues, de conseils pratiques et d’orientation vers des soins si nécessaire.
— L’accès aux traitements de substitution, qui se sont développés depuis 1994, passant de 50 places à 15 000 personnes actuellement traitées par méthadone et à 80 000 par buprénorphine. Ces traitements permettent d’abandonner plus facilement ou de diminuer les prises d’héroïne.
Cette approche, qui constitue une stratégie de soins de première ligne, a permis de largement réduire la mortalité parmi les usagers de drogues, en divisant par quatre le nombre des overdoses, et de limiter considérablement les contaminations par le virus du sida dans cette population.
Par ailleurs, cette politique suppose d’aller vers les usagers plutôt que d’attendre qu’ils demandent des soins, afin de faciliter des contacts aussi précoces que possible.
C’est pourquoi les pratiques de réduction des risques se sont développées sur les lieux festifs, en particulier les « raves », afin de limiter les risques liés notamment aux consommations d’hallucinogènes et de psychostimulants. On y pratique aussi le testing, technique permettant de vérifier la présence d’ecstasy dans le produit que l’usager s’apprête à consommer. Cette pratique est controversée : pour ses acteurs, c’est l’occasion d’un contact qui permet la diffusion d’un message de prévention, pour ses détracteurs, il est immoral de restituer à une personne un produit que l’on sait toxique.
Ce sont surtout les quartiers dits sensibles qui ne sont pas touchés
C’est faux, et il faut le répéter ! Une étude de terrain réalisée il y a quelques années dans une commune plutôt favorisée d’île-de-France a démontré la fausseté de cette représentation. L’hypothèse de départ de la recherche consistait à penser que les problèmes de drogues concernaient essentiellement les quatre zones d’habitat social de la commune. Or, une enquête approfondie, impliquant municipalité, services sociaux, de police et de gendarmerie, acteurs sanitaires, a montré qu’il n’était pas possible de localiser géographiquement sur le territoire de la commune des zones de résidence spécifiques des consommateurs : ceux-ci se distribuaient sur tous les quartiers de la commune, bourgeois ou populaires. Néanmoins, il y avait quelques différences :
certains consommateurs, ceux des quartiers dits sensibles, étaient connus de tous les services sociaux et des services de police. Les autres, beaucoup plus discrets, n’étaient éventuellement connus que des services de santé. Les premiers avaient dans leur passé un recours précoce à la délinquance, les seconds avaient manifesté très tôt des problèmes psychologiques (fugues, dépression, tentatives de suicide). Enfin, dernier paradoxe, les premiers, les plus visibles, accédaient à des soins spécialisés en moyenne deux ans plus tôt que ceux dits « favorisés », dont la situation sociale permettait de prolonger la période d’intoxication cachée.
Il ne faut donc pas se laisser abuser : les drogues sont plus visibles dans les quartiers sensibles, lorsque le deal et la consommation se passent à l’extérieur, aux yeux de tous, mais elles sont aussi présentes dans les « beaux quartiers ». D’ailleurs, le développement récent des consommations « festives » de substances psychoactives de type ecstasy concerne de nombreux jeunes de ces quartiers. Simplement, le deal se fait alors en appartement, ou sur des lieux festifs, de même que la consommation. Or ce n’est pas la visibilité de la consommation qui fait sa gravité. Cela signifie aussi en termes de prévention que même les établissements situés dans des quartiers chics sont concernés !
Vidéo : les drogues et addictions : La prévention
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : les drogues et addictions : La prévention
https://www.youtube.com/embed/mtCDWGUwqco