La chirurgie du cancer du sein : Les opérations du sein
Tout d’abord, comment préparez-vous vos patientes atteintes d’un cancer du sein à accepter un acte chirurgical ?
Bien souvent, les patientes, après l’annonce d’un cancer du sein, n’entendent plus rien : elles sont traumatisées par la nouvelle, plongées dans un état bien compréhensible de sidération. Avant toute explication, il est important qu’elles se rhabillent pour que la conversation qui va suivre ne soit pas celle d’un médecin à une malade se trouvant en état d’infériorité, mais celle de deux êtres en situation d’égal à égal. Il faut avant tout établir un dialogue, un langage où va régner la confiance. Le traitement d’un cancer du sein ne commence pas forcément par la chirurgie : il existe des cas où, d’emblée, il faut envisager une chimiothérapie préopératoire.
En quoi consiste une tumorectomie ?
La tumorectomie
Cet acte chirurgical doit permettre de retirer la tumeur, avec des marges de sécurité suffisantes et un résultat esthétique satisfaisant. Le geste qui enlève une tumeur de 2 cm d’un sein qui « fait » du 85A ne sera pas le même que celui destiné à retirer une autre tumeur de 3 cm dans un sein « 95 D» .le geste du chirurgien dépend aussi, évidemment, du site de la tumeur et de la morphologie de la patiente. (Dans certaines situations délicates, le protocole opératoire peut, au préalable, être discuté avec l’oncologiste.) Il faut rappeler que lorsqu’une grosse tumeur (3 cm et plus) ne parvient pas à être suffisamment diminuée par la chimiothérapie, mieux vaut, pour plus de sécurité, enlever le sein en envisageant une reconstruction mammaire ultérieure.
Comment se déroule, en détail, ce processus chirurgical ?
Dans un même temps opératoire, le chirurgien enlève la tumeur et effectue un curage axillaire (prélèvement des ganglions de
l’aisselle). Il existe trois sites ganglionnaires de drainage du sein :
• 1°- celui des ganglions axillaires ;
• 2°- celui des zones sus et sous-claviculaires ;
• 3e– celui des ganglions de la chaîne mammaire interne (au niveau du sternum).
La dissémination des cellules tumorales du sein peut s’effectuer par ces réseaux ganglionnaires (le plus souvent par le réseau axillaire). Généralement, il y a corrélation entre la taille de la tumeur et le risque d’atteinte ganglionnaire.
Après une tumorectomie, où se situe la cicatrice ?
Son emplacement correspond à celui de la tumeur. La radiothérapie adjuvante a un avantage esthétique : elle gomme l’aspect cicatriciel qui devient plutôt discret. La longueur de la cicatrice dépend évidemment du volume tumoral enlevé. Elle peut être horizontale, concentrique ou verticale, selon les pratiques du chirurgien et le siège de la tumeur.
Combien de jours d’hospitalisation faut-il compter après une tumorectomie ?
En principe, vingt-quatre heures seulement après une tumorectomie réalisée avec l’exérèse du ganglion sentinelle. Lorsque la tumorectomie s’accompagne d’un curage ganglionnaire classique, à cause de la pose des drains, quatre à cinq jours sont habituellement nécessaires. Comme cette intervention contraint à sectionner des vaisseaux lymphatiques, il y a forcément ensuite un épanchement de lymphe au niveau du creux axillaire qu’il faut évacuer. (La durée de ce temps d’épanchement varie d’une patiente à une autre.)
Les suites d’une tumorectomie sont-elles douloureuses ?
Non. Il ne s’agit pas en règle générale d’une chirurgie douloureuse, puisqu’elle s’effectue sous anesthésie générale et que les suites sont indolores dans la majorité des cas.
Les cellules cancéreuses, quand elles se propagent hors de la tumeur, passent-elles obligatoirement
par une chaîne ganglionnaire ?
Dans certaines tumeurs comportant des facteurs de gravité particuliers (récepteurs hormonaux négatifs, prolifération cellulaire élevée…), les cellules cancéreuses peuvent se disséminer par voie sanguine. C’est pourquoi une chimiothérapie est parfois indiquée, alors qu’aucun ganglion n’est envahi.
Aujourd’hui, quel est le processus chirurgical d’une mastectomie ?
La mastectomie
Il existe plusieurs indications pour effectuer une mastectomie :
• 1°- lorsqu’on a décelé la présence de tumeurs multifocales ;
• 2°- en cas de récidive locale après traitement conservateur ;
• 3°- pour répondre à une demande spécifique de certaines patientes qui ont hérité de prédispositions génétiques.
Le geste chirurgical consiste à enlever la glande mammaire dans sa totalité en conservant les muscles pectoraux. Pour cette opération (accompagnée d’un curage ganglionnaire), la cicatrice est quasiment toujours horizontale. Le concept de cette intervention doit être envisagé en tenant compte de la perspective d’une reconstruction mammaire. Le chirurgien doit veiller à obtenir une cicatrice la plus fine possible (mais celle-ci, évidemment, évoluera ensuite selon la qualité de la peau).