Est-ce que les personnes sont faibles qui succombent aux addictions aux drogues ?
Cela n’a rien à voir avec la force ou la faiblesse. Ce sont au contraire parfois les personnes qui apparaissent aux yeux des autres comme « fortes » qui vont le plus loin dans les consommations de drogues. Cette idée populaire de la faiblesse des consommateurs est renforcée par certaines campagnes de prévention, de type « apprenez-leur (aux enfants) à dire non ». Or, le plus souvent, le problème n’est pas de ne pas savoir dire non, mais de savoir en quoi on est tenté par une consommation de stupéfiants. Aldous Huxley, auteur entre autres de romans de science-fiction {Le meilleur des mondes), décrit très bien cette particularité des substances psychoactives, utile pour toute dictature : nul besoin de forcer les personnes à en prendre, il suffit de les mettre à disposition pour qu’elles trouvent leur public et qu’il s’élargisse. Les dealers, contrairement à l’image véhiculée par des médias, ne poursuivent pas les enfants à la sortie de l’école pour les obliger à consommer, en profitant de leur faiblesse…
Ce sont parfois les usagers eux-mêmes qui cherchent à en faire l’expérience, ou des occasions qui se présentent et conduisent à « essayer ». Pour certains, la consommation devient l’un des instruments de l’adaptation au groupe, voire permet d’en devenir le leader. La responsabilité des adultes est donc de protéger les adolescents en développant leur capacité critique, leur sens des responsabilités et de la liberté, afin qu’ils se construisent sans avoir besoin de ces béquilles chimiques que sont les drogues, licites ou non.
Se droguer est une forme de suicide !
Il y a des moyens plus efficaces et plus rapides de se suicider. Il ne faut pas confondre ce que nous montre notre regard, la forme que prennent nos inquiétudes et nos craintes face au risque d’accident ou de mort, et l’intention suicidaire qu’il y aurait dans la prise de drogues. Se droguer n’est jamais un moyen de se suicider, sauf très rares exceptions qui se soldent par des overdoses volontaires, lorsqu’une personne est au bout du rouleau et n’a pas trouvé d’interlocuteur adéquat.
Prendre des drogues constitue souvent un moyen de ne pas souffrir, de ne pas penser, de ne pas grandir, mais pas un moyen de se suicider. Sinon, les conseils de prévention diffusés à propos du sida n’auraient pas eu d’impact sur les usagers de drogues, or ils en ont eu un, spectaculaire !
Certains auteurs ont même évoqué les usages de drogues comme participant à une « autoconservation paradoxale », c’est-à-dire un moyen de rester présent dans le monde sans pour autant y être complètement, puisqu’on ne le perçoit qu’à travers le filtre des drogues, et qu’on renonce à son désir propre. Dans certains cas, pour des personnes porteuses d’une histoire très complexe, faite d’abandons précoces, de maltraitances, etc., on peut même penser que les drogues les ont protégées du suicide, en mettant à distance des expériences et des vécus insupportables, des violences, des incestes, etc.
Mais il faut être vigilant, car si se droguer n’est pas une forme de suicide, on peut quand même en mourir !
C’est la faute de la famille si un adolescent se drogue
Souvent …Il y a eu une époque où l’on considérait toutes les vicissitudes du développement d’un individu comme étant de la responsabilité de sa famille. On a ainsi incriminé la famille dans l’autisme, la délinquance, les toxicomanies, les troubles des conduites alimentaires, etc.
Cela a généré chez nombre de parents une culpabilité disproportionnée, et a certainement contribué à bloquer des situations, les empêchant d’évoluer vers un mieux-être au bénéfice de chacun. Or non seulement la culpabilité n’est pas de mise, mais elle est au contraire destructrice, car elle vient souvent frapper les personnes là où elles sont le plus fragiles.
Les théories systémiques, c’est-à-dire prenant en compte non pas l’individu seul mais le système dans lequel il évolue, ont montré l’importance de l’environnement de la personne dans la naissance et l’entretien des troubles dont il souffre. Il est clair que certaines situations ne favorisent pas un développement harmonieux : plusieurs auteurs ont mis en évidence le poids des « secrets de famille », surtout lorsqu’ils touchent aux origines, des deuils pathologiques, quand on reporte sur un enfant une histoire qui n’est pas la sienne, des problématiques non résolues qui pèsent sur son éducation, ou bien encore ces enfants « parentifiés », dont les parents attendent un soutien assurément prématuré.
Faut-il en déduire que les familles sont coupables ? Non. Chacun compose le plus souvent du mieux qu’il peut avec sa propre histoire et son environnement.
Parfois pourtant, il faut aider chacun à retrouver sa place. Dans des situations où les enjeux familiaux sont extrêmement intriqués, c’est alors le travail avec l’un des parents, ou les deux, ou encore avec l’ensemble de la famille, qui permettra de trouver une solution adéquate de « sortie de crise ».
De nombreux centres d’accueil proposent de rencontrer les familles d’usagers de drogues, pour les aider elles-mêmes, ou les aider à aider leur enfant.
Dans tous les cas de figure, les familles doivent pouvoir être soutenues, car rien n’est plus difficile pour elles que de se trouver confrontées à des abus de drogues en se demandant si elles en sont ou non responsables.
À côté de l’aide que peuvent apporter des professionnels, il existe aussi des groupes de parents qui permettent d’échanger les expériences, les craintes et la façon dont se vit une telle situation.
Par ailleurs, l’expérience montre que les personnes qui s’en sortent le mieux sont celles qui peuvent compter sur le soutien de leur famille. Alors, il faut définitivement abandonner cette règle « toxique » trop souvent entendue par le passé : « Mettez-le (la) dehors, comme ça il (elle) sera bien obligé(e) de se débrouiller. »
On peut abuser de quelqu’un qui est sous l’effet de drogues
Toutes les drogues modifient l’état de conscience et peuvent conduire à des actions que l’on regrette ensuite. L’alcool en est un bon exemple. Des personnes mal intentionnées peuvent également profiter des propriétés de certaines substances dans
le cadre d’activités criminelles. On a ainsi vu se développer ces dernières années des pratiques de « soumission médicamenteuse » visant à obtenir de quelqu’un ce que consciemment il refuserait. Il s’agit essentiellement d’agressions sexuelles, de viols et de vols de cartes bleues avec extorsion « chimique » du code.
Les produits incriminés sont le plus souvent des produits sédatifs, de type benzodiazépines, dont certaines ont des propriétés désinhibitrices, sédatives et amnésiantes. D’autres substances peuvent aussi être impliquées, tels le GHB, les hallucinogènes, etc. Dans la plupart des cas, elles sont ingérées par la victime à son insu, dans un aliment ou une boisson.
Il s’ensuit une période dont la victime ne garde qu’un souvenir confus, voire pas de souvenir du tout. La perte de chéquier, de carte bleue, le désordre vestimentaire, des douleurs corporelles attestent qu’il s’est bien passé quelque chose, sans qu’elle puisse pour autant s’en souvenir, ce qui est souvent cause d’angoisse.
En cas de doute, il faut impérativement consulter un médecin, effectuer les éventuels prélèvements biologiques s’il y a eu rapport sexuel non consenti, et faire rédiger un certificat médical descriptif. Il est aussi conseillé de porter plainte, afin de faire cesser ces agissements. Enfin, il est souvent utile de se faire aider par une personne compétente (médecin, psychologue) pour se remettre du traumatisme de l’agression, paradoxalement majoré par le fait qu’on en garde aucun souvenir.
Cela engage aussi à la prudence : ne pas sortir seul(e) dans les lieux où ces pratiques peuvent se produire, ne pas accepter une boisson que l’on n’a pas vu préparer, garder son verre avec soi. Pour lutter contre ces actes, certaines discothèques servent les boissons dans des verres protégés par un dispositif empêchant l’ajout de substances.
Il s’agit là d’un problème non pas de toxicomanie mais de criminalité.