Eaux minérales naturelles et leurs dérivés
S’il est conforme à la tradition latine d’attribuer aux eaux minérales certaines propriétés bénéfiques à la santé, encore faut-il en trouver l’explication scientifique. L’étude de leurs caractéristiques physico-chimiques a naturellement été le moyen privilégié d’y parvenir. C’est ainsi que depuis longtemps, les chimistes n’ont pas ménagé leurs efforts pour trouver le lien entre la composition physico-chimique d’une eau minérale et ses propriétés particulières.
Qu’est-ce qu’une eau minérale naturelle?
Si l’on fait abstraction de son intérêt médical évident, force est de constater que le terme «eau minérale» prête déjà à confusion. Contrairement à une idée répandue, une eau minérale n’est pas nécessairement une eau minéralisée mais une eau dont les constituants essentiels1 sont de nature à lui conférer un intérêt médical. Les eaux minérales sont par ailleurs dépourvues de tout indice de pollution, leur pureté originelle ayant été conservée intacte en raison de la protection naturelle que leur confère leur origine souterraine. C’est pour cette raison, et par analogie avec les ressources minières, que les ingénieurs des Mines sont chargés de leur contrôle.
Il n’existe pas à proprement parler de définition des eaux minérales naturelles à usage thermal dans le Code de la santé publique, celles-ci n’étant pas considérées comme des médicaments. Cependant, pour celles qui font l’objet d’un conditionnement, il existe une définition réglementaire précise [6] :
«Une eau minérale naturelle est une eau possédant un ensemble de caractéristiques qui sont de nature à lui apporter des propriétés favorables à la santé.
- La minéralisation d’une eau représente la quantité totale de sels dissous exprimée en milligrammes par litre d’eau et les constituants essentiels sont les éléments majeurs (hydrogénocarbonates, chlorures, sulfates, calcium, magnésium, potassium, sodium), auxquels il faut adjoindre les éléments spécifiques tels le fer, le lithium, le strontium ainsi que le cas échéant l’arsenic, le sélénium, l’hydrogène sulfuré ou le dioxyde de carbone.
Elle se distingue nettement des autres eaux destinées à la consommation humaine :
– par sa nature, caractérisée par sa teneur en minéraux, oligo-éléments ou autres constituants et par certains effets,
– par sa pureté originelle,
l’une et l’autre caractéristiques ayant été conservées intactes en raison de l’origine souterraine de cette eau qui a été tenue à l’abri de tout risque de pollution.
Elle provient d’une nappe ou d’un gisement souterrain exploité à partir d’une ou plusieurs émergences naturelles ou forées.
Elle témoigne, dans le cadre des fluctuations naturelles connues, d’une stabilité de ses caractéristiques essentielles, notamment de composition et de température à l’émergence, qui n’est pas affectée par le débit de l’eau prélevée.
Comme il n’existe qu’une seule dénomination d’eau minérale naturelle dans la réglementation française [5], il en résulte que les critères techniques figurant dans la définition ci-dessus s’appliquent parfaitement aux eaux à usage thermal.
Tel n’est pas toujours le cas en Europe, bien que cette définition figure dans la directive 80/777/CEE [8j. C’est ainsi que l’Allemagne fait la distinction entre les eaux minérales de boisson et les eaux curatives ou encore dites médicinales dénommées Heilwasser. Ces sources, définies par les lois des Länder, relèvent des lois des médicaments avec toutefois une prise en compte de leur particularité comme produit naturel issu du sol. À cela s’ajoutent les définitions du Deutscher Bäderverband [7] (Association des stations thermales allemandes) qui fixent notamment des paramètres physico-chimiques qualifiant une eau curative que l’administration allemande n’est d’ailleurs pas tenue de suivre.
Ce n’est pas le cas en France où l’eau minérale se distingue des autres eaux par sa double originalité : physico-chimique, d’une part, grâce à la variété, la qualité et la quantité de ses espèces dissoutes et, d’autre part, thérapeutique grâce à sa reconnaissance par l’Académie nationale de médecine.