Le corps anticancer : Accompagner les forces de vie
Ma chimiothérapie s’est étalée sur treize mois. Toutes les quatre semaines, je devais ingérer une dose de médicament pendant cinq jours. C’était sans doute un produit moins violent que d’autres chimios. Peut-être aussi grâce à toutes les précautions et les interventions parallèles à mon traitement, j’ai pu continuer à travailler presque jusqu’au bout. Avec générosité, mes collègues s’étaient arrangés pour que je n’aie pas à venir avant midi. Je restais à l’hôpital le plus souvent jusqu’à 20 heures, mais mes journées étaient tout de même beaucoup plus légères. La nuit, je dormais dans une pièce séparée de la maison, avec notre chien Mishka. Un berger allemand beige aux yeux noisette. Quand je me réveillais avec la nausée, et parfois la peur au ventre, il venait mettre sa tête sur mes genoux et je le caressais doucement jusqu’à ce que j’aille mieux. Je finissais toujours par aller mieux. Le matin, il méditait avec moi (les chiens ne sont-ils pas toujours en train de méditer, connectés sans effort à l’ici et maintenant ?) puis il s’étirait, les yeux mi-clos, comme si le yoga était un don inné pour lui, et il me regardait en inclinant la tête sur le côté, vers la rue. Cela voulait dire qu’il était temps d’aller courir ensemble.
Nous avons couru tous les matins de cette année là, je crois. Toujours vingt minutes. Dans la neige, emmitouflé dans plusieurs couches de laine polaire, sous la pluie avec un ciré, sous le soleil du printemps en T-shirt, dans l’air humide des journées d’été de l’Est américain avec un bandeau sur le front pour éviter la sueur dans les yeux. Quand je ne le faisais pas pour moi, je le faisais pour lui… Nous avions le même rythme, mais c’était lui qui me tirait. Je sentais la violence du médicament dans mon corps, qui accélérait mon rythme cardiaque, qui coupait mon énergie. Mais chaque pas en avant, chaque lampée d’air me donnait le sentiment de prendre le dessus. De faire circuler son pouvoir guérisseur partout dans mes cellules. D’éliminer sa toxicité. De tenir. Comme si nous travaillions ensemble, le médicament, mon corps et moi.
J’ai eu beaucoup de chance d’avoir un chien. Tout le monde ne trouve pas aussi facilement le chemin vers l’exercice qui lui est adapté. Même pour les plus convaincus, rien n’est plus difficile que d’intégrer l’exercice régulier dans son quotidien. Plus encore lorsqu’on est épuisé par la maladie ou par les traitements. Mais il faut savoir que c’est une des choses les plus importantes que l’on puisse faire pour s’aider soi-même. Il s’agit ni plus ni moins de choisir entre se laisser aller à la maladie ou accompagner les forces de vie.
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