Le tétanos
Description et physiopathologie :
Le tétanos est causé par la contamination d’une plaie, par le Clostridium tetani : germe anaérobie strict (peut vivre en absence d’oxygène) elle se rencontre dans le sol, les excréments d’animaux, et parfois dans les selles humaines. Sous forme de spores (éléments reproducteurs des bactéries) ce bacille est très résistant et peut survivre pendant des années à différents désinfectants ainsi qu’à 20 minutes d’ébullition.
Les plaies profondes, punctiformes, les plaies contenant un corps étranger, n’importe quelle effraction cutanée (abrasion cutanée, brûlures ou engelures, chirurgie, avortement, otite moyenne aiguë, toxicomanie intraveineuse), créent un environnement plus favorable au développement de C. tetani.
Le tétanos peut également compliquer certaines maladies chroniques : les ulcères, les abcès, gangrène.
Au niveau de la plaie infectée, le Clostridium tetani produit une neurotoxine (tétanospasmine) qui pénètre dans les extrémités terminales des nerfs moteurs et atteint la moelle épinière après un cheminement à travers les axones
La toxine va ensuite bloquer la libération des neurotransmetteurs inhibiteurs (molécules capables de transporter l’information d’un neurone vers un autre : la glycine et surtout le GABA)La diminution de l’inhibition résulte en une augmentation de l’activité des neurones moteurs et provoque des hypertonies musculaires (rigidité) et des spasmes caractéristiques du tétanos. La tétanospasmine peut aussi entraîner une diminution de la force musculaire ou une paralysie.
Épidémiologie :
On estime que dans le monde, le tétanos fait 1 millions de morts par an en majorité concentrés dans des pays d’Afrique et d’Asie.
Dans les pays développés le tétanos est devenu rare du fait de la vaccination, il touche surtout les personnes âgées et en particulier les femmes et surtout l’été. Ces malades ne sont pas vaccinés ou alors la dernière vaccination contre le tétanos date de plus de 10 ans.
Classification :
On distingue quatre formes de tétanos :
Le tétanos localisé :
Forme localisée à un membre ou à un groupe musculaire situé prés d’une plaie
Le tétanos céphalique :
Localisé à la tête avec atteinte des nerfs crâniens.il fait suite à une lésion de la tête ou à une infection de l’oreille. C’est une forme rare mais très grave entrainant un taux de mortalité élevé
Le tétanos généralisé :
Il touche tout le corps par diffusion de la toxine dans la circulation sanguine
Le tétanos néonatal :
C’est une forme de tétanos généralisé. Il se voit chez les nouveaux nés dont les mères n’ont pas été correctement vaccinées. Il survient généralement à la suite d’une manipulation du cordon ombilical dans de mauvaises conditions sanitaires.
Les symptômes :
Les symptômes peuvent apparaître entre deux jours et six semaines après l’infection de la plaie, mais normalement la période typique d’incubation est de 5 à 10 jours. Cette apparition est en fonction de la localisation du point d’entrée dans l’organisme (l’atteinte du visage induit une manifestation plus rapide) et de la quantité de germes inoculés.
Chez l’adulte, les premiers signes sont souvent une dysphagie (douleurs et difficultés à la déglutition) et une douleur de la nuque. Chez le nouveau-né, le premier signe est un refus de téter
Les symptômes initiaux sont les suivants :
- une raideur de la mâchoire et de la nuque
- une raideur des membres
- l’irritabilité
- une agitation
- des céphalées
- des maux de gorge
Puis apparaissent des signes plus caractéristiques de tétanos :
Le trismus est le signe initial :
C’est le blocage de la mâchoire en position fermée
il commence par une simple gêne à l’ouverture de la mâchoire, puis elle devient progressivement invincible. Il existe une contracture associée des muscles du cou, de la nuque et du visage. La contracture des muscles de la face lui donne un aspect particulier : rire sardonique
Ces contractures augmentent avec l’évolution de la maladie et se caractérisent par des paroxysmes qui se produisent pour des excitations mêmes minimes.
L’opisthotonos :
L’opisthotonos est l’hyper extension de la nuque et du dos par contracture des muscles para vertébraux.
C’est une contracture qui prédomine au tronc, puis aux membres, de sorte que le corps est incurvé en arrière et les membres sont en extension.
Les spasmes généralisés :
Au cours de ces spasmes les membres supérieurs sont en flexion et les membres inférieurs en extension .ils sont déclenchés par n’importe quel stimulus (bruit, lumière, toucher) ou survenant spontanément dans les formes graves
Anomalies végétatives :
Troubles du rythme cardiaque (ralentissement, accélération), anomalie respiratoire, variations de la pression artérielle (hypotension, hypertension)
Fièvre.
L’arrêt respiratoire :
C’est la complication qu’il faut craindre .elle est la conséquence du spasme laryngé et/ou du spasme de la musculature respiratoire.
Parfois, le visage n’est pas affecté et les spasmes sont limités aux muscles à proximité de la plaie. Dans de tels cas, les sujets ont une meilleure chance de se rétablir complètement.
Les complications :
- Des complications sont possibles : infections, des pneumopathies, embolie pulmonaire, troubles cardiaques, des fractures, des ruptures musculaires, etc.
- La mortalité globale est estimée à 30% des cas le plus souvent elle est due :
→ Un arrêt cardiaque
→ Une paralysie des muscles respiratoires.
Le traitement :
Le pronostic sera en fonction de la précocité du diagnostic et de l’application du traitement.
Le traitement aura plusieurs objectifs :
Trouver la porte d’entrée :
- Retrouvée uniquement dans 10 % des cas généralement au niveau du membre inferieur.les soins consiste a bien aérer la plaie et d’exciser 1 à 2 cm de tissus sains autour de sa berge
- Il ne faut pas manipuler la plaie avant l’administration d’immunoglobuline (risque de dissémination de la toxine dans la circulation)
L’injection de métronidazole en intra veineux (500mg 3x/j chez l’adulte; 7-10mg/kg 3x/j chez l’enfant) pour diminuer le nombre de bacilles produisant la toxine
Neutralisation de la toxine :
- L’administration d’immunoglobuline antitoxine tétanique permet de neutraliser la tétanospasmine (3000 à 10000 UI injection intra musculaire en dose unique)
Contrôle des spasmes musculaires :
- Le traitement vise à contrôler les spasmes pour prévenir l’arrêt respiratoire
- Il faut limiter au maximum les stimuli susceptibles de déclencher des séries de spasme
- Les molécules utilisées sont les benzodiazépines : diazépam (Valium), midazolam. Ces médicaments ont un effet directement opposé à celui de la tétanospasmine
- La curarisation et l’intubation prophylactique sont recommandées dans les formes modérées ou sévères
Selon le traitement utilisé, la guérison complète peut prendre quelques jours à quelques semaines
Prise en charge des complications :
La prévention :
La prévention de tétanos repose essentiellement sur
- la vaccination avec une durée de protection de 10 ans pour chaque vaccin
→ Deux injections à 6 semaines avec 1 mois d’intervalle.
→ Rappel : après 1 an.
→ Rappel tous les 10 ans
- En cas de plaie
→ bien nettoyer cette plaie
→ faire un rappel vaccinal si la dernière vaccination remonte à plus de 5 ans.