Tabac et grossesse
Le tabagisme chez la femme enceinte
Le tabagisme chez les adolescentes entre 13 et 18 ans et chez la femme jeune est maintenant aussi fréquent que celui des sujets masculins; le pourcentage de femmes continuant a fumer pendant la grossesse a ainsi progressivement augments depuis 25 ans. Une enquête faite en 1992-1993 dans le Val-de-Mame a porte sur 349 femmes enceintes suivies tout au long de leur gestation. Au début de la grossesse, il y avait: 47 % de non-fumeuses, 18 % d’ex-fumeuses, 35 % de fumeuses.
La future maman a toujours une très forte motivation a l’arret du tabac: 30 % de ces femmes fumeuses ont arrête de fumer au cours des deux premiers mois, mais 70 % ont continue; ceci représente 25% de femmes enceintes encore fumeuses malgré leur désir d’arret; 80% d’entre elles ont diminue leur consommation en moyenne de 10 cigarettes par jour, mais dans cette situation, l’utilisation de marqueurs montre que la réduction de l’ intoxication tabagique est en réalité moins importante, car le fumeur dépendant, qui cherche a réduire sa consommation compense en inhalant davantage la fumée. Ces chiffres sont en accord avec ceux des études epidemiologiques, en particulier celles réalisées aux Etats-Unis.
Les facteurs intervenant dans la poursuite du tabagisme sont:
• la présence d’un environnement fumeur, surtout familial ;
• le statut social, célibataire ou divorce;
•la categorie socio-professionnelle, la nature de l’emploi et le niveau culturel inférieurs;
• surtout l’importance de la dépendance; les femmes a forte consommation, qui ont le plus grand mal a arrêter, sont malheureusement celles pour lesquelles le risque foetal est le plus grand.
Vis-a-vis de la cigarette, la situation psychologique de la femme enceinte est souvent difficile: elle connaît les risques qu’elle fait courir a son enfant, mais elle continue a fumer en raison de sa dépendance. II en résulte une culpabilité et une anxiété… facteurs supplémentaires de la poursuite du tabagisme.
conséquences pratiques
En cas de dépendance physique, une aide efficace pourra maintenant etre apportee par le traitement de substitution nicotinique; jusqu’a une date toute récente, celui-ci était interdit en cas de grossesse, en raison des risques possibles de la nicotine. En fait, une telle contre-indication etait illogique; elle vient très heureusement d’etre levée en octobre 1997. A partir du moment ou la femme enceinte n’a pas réussi a arrêter de fumer, l’apport de nicotine sous forme médicamenteuse est justifie, car il remplace celui de la cigarette; il évite ainsi a la future maman d’absorber toutes les substances toxiques présentes dans la fumée de tabac et nefastes pour le foetus.
Avant cette nouvelle directive, une de nos consultants a laquelle nous avions explique qu’en raison de sa grossesse nous ne pouvions pas lui proposer de traitement a base de nicotine nous a écrit une lettre de reproches:
« Je viens vous dire mon indignation devant votre refus de me prescrire la nicotine qui m’aurait peut-être permis d’arreter de fumer, ce que j’essaie en vain de faire depuis plusieurs semaines. En effet, la nicotine que vous n’avez pas voulu me donner, je peux me la procurer librement et en grande quantité en achetant des cigarettes au cafe-tabac le plus proche.»
Elle avait entièrement raison.
En utilisant les dosages de conicine, les quantités de nicotine reellement absorbées par la femme enceinte peuvent être connues et cela permet de fixer avec précision la dose du traitement de substitution nicotinique. Des l’arret des cigarettes, la quantité de nicotine sera moindre et il n’y aura plus ni CO, ni substances cancérigènes: le bénéfice sera alors évident.
Il est maintenant possible d’associer deux approches en étapes successives:
— Dans tous les cas, il faut agir sur le comportement et la dépendance psychologique. Les stratégies comportementales et cognitives, les thérapies de groupe, la relaxation… devraient jouer chez ces femmes enceintes un rôle essentiel, mais elles sont encore malheureusement très peu utilisées, malgré leur inter et. Tout se borne trop souvent aux conseils, aux incitations, aux affiches; cela est indispensable mais insuffisant, ce que l’expérience montre tous les jours.
— Si, malgré cette prise en charge, le tabagisme n’a pas ete interrompu ou a ete seulement réduit, il est nécessaire de recourir au traitement de substitution nicotinique, mais avec toutes les précautions indispensables:
• Il faut évaluer le degré de dépendance et les apports quotidiens de nicotine par la cigarette.
• Il est inutile et psychologiquement nocif de donner une dose trop faible, car l’echec serait certain et le tabagisme serait poursuivi.
• Il serait évidemment dangereux de fournir un apport trop important de nicotine; la dose doit être rigoureusement adaptée aux besoins du fumeur, pour avoir le maximum de chances de succès, sans courir le moindre risque.
Les apports nocturnes de nicotine sont contre-indiques, pour éviter le risque d’accumulation de nicotine dans le liquide amniotique. II faut donc de préférence utiliser la gomme-nicotine ou la tablette-nicotine; si le timbre est employé, il doit impérativement être ôte la nuit.