Se faire de la bile,est-ce bien scientifique ?
La bile n est pour rien dans la manifestation physiologique des soucis, pas plus que les soucis n’ont d’influence sur elle. L’expression « s’échauffer la bile » est également sans fondement scientifique. Ni le fait de se mettre en colère ni le fait d’être soucieux n’implique la bile de quelque manière que ce soit…
La bile est un liquide jaune vert fabriqué par le foie et stocké comme il se doit dans la vésicule biliaire. Chaque jour, nous en fabriquons entre un demi-litre et un litre!
La bile facilite la digestion des graisses. En effet, toutes les réactions chimiques du métabolisme se déroulent dans l’eau. Or, il est bien connu que les graisses n’aiment pas l’eau. Elles flottent, forment des yeux, se rendant ainsi inaccessibles aux enzymes. Quand elles arrivent dans la première portion de l’intestin grêle (le duodénum), agglomérées au bol alimentaire que l’on nomme « chyme » à ce stade, la paroi de l’intestin libère une hormone, la cholécystoki- nine. Celle-ci, via le sang, provoque la contraction de la vésicule biliaire, qui déverse alors son produit dans le canal cholédoque, dans lequel le pancréas, également sollicité par la même hormone, envoie son suc gastrique. L’hormone provoque dans le même temps le relâchement du muscle circulaire, le sphincter d’Oddi, qui ferme hermétiquement le canal cholédoque à sa jonction avec l’intestin ; quand le sphincter est fermé, la bile déversée par le foie remonte par le canal cystique dans la vésicule biliaire. La bile peut alors entrer en contact avec le chyme dont elle neutralise l’acidité par ses ions bicarbonates, de pH basique (supérieur à 7).
Surtout, la bile provoque la formation d’une émulsion à partir des graisses, qui peuvent dès lors être attaquées par les enzymes pancréatiques, dont la lipase. Émulsionnées, c’est-à-dire réduites en une multitude de gouttelettes très fines, les graisses offrent une bien plus grande surface d’attaque pour les enzymes. Ce rôle de détergent repose sur les sels des acides biliaires, qui sont des produits de dégradation – par oxydation – du cholestérol, qui est une graisse.
La bile permet aussi au foie d’évacuer les produits de dégradation des globules rouges. Cassés notamment par la rate, ces derniers sont transformés en biliverdine (de couleur verte), puis en bilirubine (de couleur rouge ou jaune, celle des hématomes après quelques jours, celle de la jaunisse lorsque celle-ci s’installe), que le foie intègre à la bile. Dégradée ensuite dans l’intestin, la bilirubine donne une autre molécule, l’urobilinogène, qui colore en brun nos fèces.
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