Qu'est ce qu'un cancer du sein in situ ?
Quelle est la définition du stade in situ d’un cancer du sein ?
Il s’agit là de la toute première étape de l’apparition d’un cancer mammaire : celle où les cellules malignes (à l’intérieur d’un lobule ou d’un canal galactophore) ont commencé à proliférer mais n’ont pas encore acquis la capacité de perforer la paroi du canal galactophore. Cette prolifération cellulaire se limite donc strictement à l’espace situé à l’intérieur du lobule ou du canal.
Ces cancers in situ présentent deux spécificités de bon pronostic très importantes :
• 1°- les cellules n’ont pas encore dégénéré au point d’être capables d’envahir la membrane basale ; on peut les considérer comme moins malignes et peu agressives, au sens car- cinologique ;
• 2°- dans la mesure où ces mêmes cellules ne se sont développées qu’à l’intérieur d’une structure vide, elles n’ont pas pu, a priori, rencontrer un vaisseau sanguin ou lymphatique et donc, en aucune manière, s’éloigner du sein pour aller constituer une métastase dans un autre organe. Ces deux caractéristiques assurent un taux de guérison très élevé, et évitent de recourir à une chimiothérapie, puisque le but de celle-ci est d’aller détruire d’éventuelles métastases.
Quelle est habituellement la prise en charge des cancers in situ ?
Lorsque la chirurgie ne suffit pas
Ce traitement fera appel, avant tout, à un acte opératoire afin de retirer la ou les glandes qui sont le siège de cette prolifération in situ. Dans la grande majorité des cas, une chirurgie conservatrice (où l’on garde le sein) est suffisante. Cependant :
• 1°- Lorsque ce cancer est relativement volumineux (plus de 3 cm de diamètre), on sait qu’il y a une forte probabilité pour que d’autres foyers de carcinomes in situ, sans doute pas aussi évolués, existent ailleurs dans le sein. Dans ce cas, se limiter à n’enlever que le cancer le plus évident ne va pas mettre réelle- mental patiente à l’abri d’une rechute dans les années suivantes.
On peut donc prescrire là, en complément de la chirurgie, une radiothérapie sur tout le sein, dans le but d’éradiquer d’éventuels mais probables foyers microscopiques de carcinomes in situ On peut, bien sûr, dans certains cas préconiser plutôt une mastectomie, c’est-à-dire l’ablation du sein.
• 2° Le fait que, chez une femme, une ou quelques cellules i sein se soient transformées en cellules malignes et aient amé un processus de prolifération témoigne d’une certaine fragilité des cellules mammaires. Cela laisse supposer, dans le temps, d’autres cellules de ce sein, ou de l’autre, deviendront à un moment donné cancéreuses à leur tour .Nous avons là à faire face à un enjeu de prévention important qui peut justifier la mise en route, après la chirurgie, d’un traitement horlal préventif à base d’hormones anticancéreuses (tamoxi- : ou antiaromatase). Cette thérapie, administrée sur une durée de plusieurs années, est donc destinée à empêcher une dive. (Ces femmes, après leur traitement, auront besoin e soumettre à un dépistage régulier avec mammographie tous les ans !)
Lorsque le cancer in situ jouxte le mamelon, la chirurgie -elle être conservatrice ?
• principe, elle pourrait l’être puisqu’il s’agit d’un cancer in Mais en réalité, un sein que l’on a amputé de sa partie centrale et de son mamelon est tellement déformé et inesthétique que mieux vaut effectuer une ablation totale, suivie d’une reconstruction.
Après un cancer in situ, cette prise de tamoxifène elle vraiment si nécessaire ?
L’hormonothérapie pour limiter les risques de récidives
• Et je vais vous rappeler pourquoi. Les cellules du sein sont souvent sensibles à l’effet stimulant des hormones femelles, œstrogènes, qui circulent dans le sang. Il apparaît donc logique, quand on craint que des cellules cancéreuses du sein soient en train de proliférer à bas bruit, d’essayer de bloquer cet effet
stimulant. Et qui peut assurer ce blocage .Un médicament, tel le tamoxifène, qui, au niveau de la cellule, va prendre la place dans le récepteur aux œstrogènes et empêcher toute action de stimulation.
N’étant plus activées, les cellules cancéreuses vont progressivement s’éteindre et mourir. Des études internationales, réalisées sur plusieurs dizaines de milliers de femmes ayant eu un cancer in situ et traitées au tamoxifène, ont démontré une baisse du risque de récidive de 30 à 40 % !
Quels sont les effets secondaires du tamoxifène ?
Ils ne sont certes pas négligeables, mais dans la balance bénéfices-risques, la supériorité des bénéfices est indiscutable.
Je vais vous soumettre un cas : une femme ménopausée sous traitement hormonal substitutif, qui se découvre un cancer in situ, va forcément arrêter définitivement ses hormones. D’où, dans son organisme, une nette baisse des œstrogènes. Après sa chirurgie, cette femme devra-t-elle quand même être traitée par tamoxifène ?
Oui, parce qu’après la ménopause subsiste toujours dans l’organisme une faible fabrication résiduelle d’œstrogènes naturels, produits par les tissus graisseux et les glandes surrénales. Pour celle qui redoute les effets secondaires du tamoxifène, il faut savoir que ce type de médicament sera bientôt remplacé par d’autres produits, aujourd’hui à l’étude, et qui semblent apporter encore plus d’efficacité avec une tolérance bien meilleure.