Que la lumière soit ! mais pas trop
Les premiers hommes ne s’éclairaient qu’à la lumière du jour. Grâce à l’invention du feu, ils ont appris à se défendre contre les bêtes sauvages, à cuire leurs aliments et aussi à s’éclairer dans l’obscurité. Tels sont les débuts de la lumière artificielle. Du foyer rudimentaire de la caverne jusqu’à la lampe halogène, quel parcours ! Et pourtant, ces progrès, aussi spectaculaires soient-ils, ne nous protègent pas contre les méfaits d’un éclairage inadapté, et ce, pas seulement pour préserver la vue, mais aussi la peau.
Il nous faut apprendre qu’un éclairage moyen ou faible est souvent préférable à une lumière excessive. Il est évident que l’on y voit plus clair si l’éclairage est intensif, mais ce n’est pas le seul critère. Il faut aussi tenir compte du contraste, et surtout, adapter la source de lumière au travail de l’œil. Toute manipulation de précision, impliquant une observation minutieuse, – depuis l’ouvrage de la dentellière, jusqu’au travail de l’horloger ou du dépanneur d’ordinateur -, réclame un éclairage direct qui accentue les ombres. En revanche, s’il s’agit d’effectuer un dessin d’art ou un plan d’architecte, mieux vaut un éclairage indirect qui supprime l’effet de relief.
Il est important de savoir que l’éblouissement produit une diminution de l’acuité visuelle et crée une fatigue. Autrement dit, trop de lumière peut empêcher de bien voir. N’importe quel automobiliste en a fait l’expérience en croisant une voiture venant de face, tous phares allumés. À la maison, au bureau ou à l’atelier, c’est pareil. Il faut donc éviter les luminaires trop puissants, mais aussi la réflexion d’une lumière trop intense sur une surface trop brillante.
En outre, la qualité de la lumière est tributaire de la couleur émise par la lampe. Contrairement aux apparences, la lumière des lampes électriques est loin d’être blanche. Son spectre comporte toutes les couleurs, avec cependant peu de violet et beaucoup de jaune et surtout de rouge. L’œil ne perçoit réellement que le jaune. Mais il n’en subit pas moins les couleurs plus agressives, le rouge en particulier. De même les tubes fluorescents sont censés produire la « lumière du jour ». En fait, il s’agit là d’une notion toute relative. La comparaison avec la lumière du jour n’est possible que de jour, lorsque le tube fluorescent sert d’appoint à la lumière naturelle du soleil. De nuit, l’absence de lumière solaire ambiante rend l’éclairage par le tube beaucoup plus violent.
En fait les qualités d’un bon éclairage dépendent non seulement des caractéristiques de la source lumineuse, mais aussi de celles du décor environnant. Quelques erreurs à éviter : éliminer les murs ou tapisseries de couleur brune qui absorbent trop de lumière. Sachez aussi que les bleus et les verts altèrent la réalité des couleurs ambiantes. N’employez pas de lumières chaudes dans des salles réservées à des travaux physiques fatigants : ateliers, gymnase. À l’inverse, renoncez à installer une couleur d’ambiance froide dans des locaux destinés à des tâches exigeant une forte concentration intellectuelle : bureaux, bibliothèques.
Enfin, il convient de rappeler que l’éclairage n’a pas que des répercussions d’ordre visuel. Ainsi, les lampes halogènes n’échappent-elles pas aux critiques. Des études scientifiques récentes ont montré que les rayons émis par ces sources modernes de lumière, en éclairage direct, risquent de provoquer des cancers de la peau. Il est donc recommandé de n’utiliser les lampes halogènes qu’avec un verre de protection qui permet de filtrer quasi totalement les rayons ultra-violets.