Psychologie du vieillissement : vivre et travailler avec des mourants
Quels que soient les modèles théoriques généraux, le deuil et l’agonie sont des expériences personnelles. Dans sa chanson La Mama, Aznavour évoque l’agonie de la personne âgée chez elle, dans sa chambre et entourée de tous ceux qu’elle aime, dans un rituel d’accompagnement au trépas tout empreint de catholicisme. La réalité est bien loin de cette image. Si la plupart des personnes âgées souhaitent mourir chez elles et entourées de leurs proches, dans nos sociétés la majorité de nos aînés meurent à l’hôpital. Par ailleurs, de nombreux mourants ne se reconnaissent dans aucune église. Le personnel soignant peut alors jouer un rôle important dans un travail d’accompagnement au trépas. Les travaux de Kübler-Ross montrent que l’agonisant peut accepter son trépas dans un état mental de sérénité et de paix intérieure. Pour l’aider à atteindre cet état, il est nécessaire d’être soi-même serein avec la mort et suffisamment équilibré par rapport à cette question.
L’accompagnement au trépas peut se réaliser à deux niveaux différents. Le premier est de nature psycho thérapeutique. La psychothérapie de l’agonisant est très difficile à conduire et demande une grande formation. L’état d’angoisse du patient doit être dépassé afin d’atteindre la phase d’acceptation. De nombreuses heures d’écoute et de dialogue sont nécessaires et la propre angoisse du thérapeute vis-à-vis de la mort intervient dans la situation. Le second niveau est un travail de conseil et de soutien réalisé par les parents, les amis, les membres d’associations humanitaires, ou les religieux dans le cas où la personne serait croyante. Dans la plupart des cas, le mourant ne réclame pas de psychothérapie et se contente de ce travail de soutien. Quelle que soit sa forme, l’accompagnement au trépas fait partie du droit de toute personne de mourir dans la dignité.L’acceptation de la mort et le deuil sont des processus psychologiques complexes. Après une phase aiguë où le stress et l’angoisse peuvent atteindre un paroxysme, la personne rentre dans une phase intermédiaire caractérisée par des sentiments ambivalents et confus qu’elle tente d’intégrer. De la réussite de cette intégration dépend l’acceptation du trépas et le dépassement du deuil.
Beaucoup de personnes sont seules quand elles se retrouvent face à la mort. Le psychologue peut remplir ici une fonction importante, soit dans l’accompagnement au trépas, soit dans l’aide au dépassement du deuil. Ces deux expériences, quoique très douloureuses, peuvent amener l’individu soit dans un état serein vis-à-vis du trépas, soit vers une nouvelle période de sa vie où il se sent psychologiquement plus fort. La mort est inéluctable, nos sociétés matérialistes doivent la réintégrer afin d’aider les âgés à partir dignement.