Peut-on capter les hormones du sexe opposé ?
Cette interrogation est d’actualité en biologie humaine, ne serait-ce que parce qu’elle recouvre potentiellement un marché considérable pour les parfumeurs.
L’odorat entre-t-il en compte, et pour quelle part, dans les relations sociales? L’attirance sexuelle se fonde-t-elle sur l’émission de doses infimes d’hormones particulières, les phéromones, que nous ressentirions tous sans même nous en rendre compte? Bref, sommes-nous si éloignés des autres mammifères? Dans cette classe du monde naturel, le sens de l’odorat est primordial. Les animaux se sentent, voire se ressentent, pour se jauger du point de vue relationnel. À l’odeur, les mâles sont informés de la réceptivité sexuelle des femelles.
Une expérience est restée célèbre, hélas unique, qui démontra que, dans une salle d’attente, les femmes s’asseyaient de préférence sur le seul siège légèrement imbibé de sueur masculine. À l’inverse, les hommes l’évitaient soigneusement. Des travaux conduits en Suisse ont permis de montrer que des femmes à qui l’on donne à respirer des T-shirts imprégnés de la sueur de différents hommes ont tendance à préférer ceux qui leur sont génétiquement les plus éloignés; les mêmes chercheurs sont parvenus à identifier dans la sueur masculine des composés relatifs au système d’histocompatibilité, un des signes de la singularité génétique de chaque individu.
Des psychologues estiment par ailleurs que l’infidélité masculine viendrait en partie de la saturation de tous les récepteurs aux phéromones. Parvenu à ce stade, l’homme chercherait en quelque sorte à remettre les compteurs à zéro en confrontant ses récepteurs à d’autres phéromones. Toutefois, ces expériences et hypothèses n’ont jamais pu être véritablement reproduites et vérifiées, si bien que le mystère demeure. Car, s’il est évident que les hommes sont sensibles aux odeurs, en particulier à celles portées par les composés volatils émis par le vagin, et, après dégradation bactérienne de la sueur, par le pubis et les aisselles, il n’est pas assuré que nous percevions inconsciemment des molécules qui n’ont pas d’odeur.
Parmi la centaine de gènes codant pour les récepteurs de ces phéromones dans le monde des mammifères, il semble en effet qu’un seul resterait opérant pour l’espèce humaine. Par ailleurs, la vue est, avant l’ouïe, le sens le plus développé chez les grands singes, en particulier chez l’homme. Qui plus est, notre espèce communique avant tout par le langage. Et les silences et les sous-entendus en disent souvent plus long que les discours. Comme les phéromones… L’odorat de notre espèce a été considérablement amoindri par des dizaines de siècles de parfums dont nous ne cessons d’user pour masquer les odeurs corporelles. Il n’est pas impossible que certaines personnes soient sensibles à d’éventuelles phéromones, mais elles ne seraient qu’une minorité à maintenir cette capacité ancestrale. La reconnaissance mutuelle instinctive et inconsciente entre la mère et son nouveau-né en serait le témoignage persistant.