Mettre en valeur la qualité nutritionnelle
La maîtrise de la qualité nutritionnelle des produits ne peut s’organiser que si une information suffisante, un cahier des charges pertinent et un soutien économique efficace sont mis en place. Cela peut paraître surprenant, mais le monde agricole n’est pas particulièrement informé des relations entre alimentation et santé alors que la prise en compte de cette dimension modifierait profondément son activité en lui fournissant des repères pour l’élaboration de la qualité nutritionnelle de ses productions.
Évidemment, il est important que l’agriculteur comprenne le sens de son travail et connaisse les facteurs impliqués dans la qualité nutritionnelle pour qu’il participe, à son niveau, à la nutrition préventive. Une exigence dans la recherche de la meilleure qualité possible apparaît naturelle pour les vignerons lorsque le produit est particulièrement valorisé. La valeur de bien des produits alimentaires mérite autant d’attention que le vin. Pourquoi les céréaliers ne se passionneraient-ils pas pour la qualité du pain qu’ils produisent à partir de leur récolte de blé ? Déjà des boulangers- paysans produisent du pain bis au levain d’excellente qualité nutritionnelle et valorisent ainsi au mieux leur culture de céréales. Pourquoi les producteurs de fruits et légumes ne chercheraient-ils pas à mettre en valeur la potentielle santé particulière de leurs fruits et légumes ? Pourquoi les agriculteurs ne prendraient-ils pas en charge la production d’huiles vierges de composition optimale en acides gras par un choix judicieux de plantes oléagineuses ?
Pour aller dans cette direction, plusieurs étapes pourraient être envisagées :
La mise en place d’une information sur les relations « alimentation-santé » pour tous ceux qui travaillent dans le domaine agricole et alimentaire serait un préalable pour faire évoluer durablement et en profondeur notre paysage alimentaire.
Ensuite, il conviendrait d’expliquer les itinéraires techniques à suivre et de rendre compte de la qualité nutritionnelle obtenue au final. Expliquer l’origine des facteurs de variation. Développer des technologies douces adaptées au secteur agroalimentaire mais aussi au secteur agricole. S’appuyer sur une politique de prix incitative.
Le développement d’une agriculture de qualité nécessite donc un suivi complexe et un cahier des charges discuté par tous les acteurs. Peut-être faudrait-il encourager les efforts des agriculteurs par une politique de contrats de production d’aliments de qualité avec un financement multi partenarial. On pourrait en effet imaginer qu’un ensemble de structures socioéconomiques participe à l’encouragement financier en faveur d’une politique agricole qui s’intègre dans une stratégie de santé publique. Cette orientation serait tout à fait complémentaire de l’effort demandé aux agriculteurs pour adapter leurs méthodes de production afin qu’elles créent le moins possible de pollutions ou de déséquilibres écologiques.
La manière de gérer l’agriculture et les approvisionnements de proximité devrait faire l’objet de débats citoyens, de conseils de gestion alimentaire par des groupements de consommateurs et de professionnels de l’agriculture et de l’alimentation. Le principe d’une certaine souveraineté alimentaire à l’échelon régional pourrait être mieux défini et mis en application par une organisation des productions à cet échelon.