Les symptômes de l’hyperactivité
Lorsque j’ai fait mes études dans les années soixante-dix, on nous apprenait que les symptômes de l’hyperactivité disparaissaient progressivement au cours de l’adolescence; on suggérait aux parents d’être patients et d’attendre la puberté qui allait délivrer leur enfant de son hyperactivité. Depuis ce temps, de nombreuses études ont démontré que, même si avec le temps le nombre et la gravité des symptômes diminuent, ces derniers disparaissent rarement complètement. Il est maintenant prouvé qu’à l’adolescence de 70 à 80 % des enfants hyperactifs présenteront encore des symptômes, et en nombre suffisant pour satisfaire aux critères de diagnostic décrits au chapitre II. Ce pourcentage se situe entre 50 et 65 % lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. Nous ne devons donc pas trop rapidement conclure que les problèmes disparaissent avec le temps.
L’agitation motrice deviendra beaucoup moins spectaculaire avec le temps, mais demeurera souvent présente. Deux mères, qui ne se connaissaient pas, m’ont confié récemment avoir regardé à la télévision une émission sur l’hyperactivité dans laquelle un adulte racontait ses souvenirs d’ancien hyperactif. Elles ont toutes les deux retrouvé chez lui, grâce à leur œil expérimenté, le même type d’agitation motrice qu’elles voient tous les jours chez leur fils. C’était plus discret, mais évident pour l’œil exercé.
Il en est de même de tous les symptômes. Ils semblent s’atté-nuer avec le temps mais, comme les exigences sociales augmentent aussi avec l’âge, plusieurs hyperactifs ne rattrapent jamais leurs camarades. Ainsi, leur capacité d’attention augmente, mais les tâches qu’ils ont à remplir demandent de plus en plus d’attention, que ce soit à l’école ou ailleurs.
Considérons, par exemple, la conduite d’une automobile; l’âge légal pour l’obtention du permis de conduire a été fixé à seize ans parce que l’adolescent de cet âge a une capacité d’attention et de contrôle de son impulsivité suffisante pour conduire de façon sécuritaire. L’hyperactif, même si ses symptômes se sont atténués, aura rarement à seize ans un contrôle assez grand de son attention et de son impulsivité pour qu’on puisse lui confier la conduite d’une automobile.
C’est comme si les hyperactifs accusaient un retard de quelques années sur leur capacité de contrôle. Ainsi, à douze ans, ils sont comme des enfants de huit ans. Quatre ans plus tard, ils ont beaucoup amélioré leur capacité d’attention, mais, âgés alors de 16 ans, ils se comparent sur ce point à des enfants normaux de 12 ans. Laisserionsnous conduire un jeune de douze ans? Et les statistiques le confirment: aux États-Unis, les conducteurs hyperactifs de seize ans sont responsables de deux fois plus d’accidents que les autres adolescents du même âge.