Les paradoxes de l'abondance alimentaire
Les consommateurs sont maintenant dans une situation paradoxale : en théorie maîtres de leurs choix face à une offre très diversifiée mais en fait fortement manipulés par des incitations multiples à consommer des produits toujours plus avantageux. C’est pourquoi la préoccupation majeure des industriels de l’agroalimentaire est de comprendre, d’anticiper ou de conditionner le choix du consommateur roi, finalement victime de l’attention qui lui est portée et bourreau de lui-même lorsqu’il est atteint de troubles du comportement alimentaire ou de déviations métaboliques. Paradoxalement, cette possibilité de choix, au moins pour une frange importante de la population, crée un malaise, suscite un questionnement souvent confus sur les achats à effectuer. Cet état de pseudo-liberté est d’autant plus difficile à supporter que les repères concernant « les bons choix » sont souvent peu fiables et parfois très changeants.
Cependant, même si une politique nutritionnelle de santé publique (qui n’a jamais réellement existé en France sur le long terme) influençait durablement notre consommateur, cela ne suffirait pas à rétablir les équilibres nutritionnels. Tant que les entrées d’aliments et de boissons dans nos super- et autres hypermarchés ne correspondront pas à une offre équilibrée, il y a peu d’espoir de nourrir correctement l’ensemble de la population. Il existe en effet une grande proportion de consommateurs passifs qui ne feront jamais l’effort de refuser des aliments et des boissons sans intérêt nutritionnel et nuisibles à long terme pour leur équilibre et leur santé, sans compter ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter des aliments bénéfiques. Il y a donc une nécessité de faire un travail de fond pour concevoir et organiser une chaîne alimentaire bien adaptée aux besoins de l’homme. On aboutirait ainsi à une production alimentaire équilibrée. Cette démarche serait prolongée par l’organisation des divers marchés, dans une optique de promotion de la qualité nutritionnelle et la mise en place de bonnes pratiques de vente. Puisque l’alimenta- lion a une influence sur la vie de l’homme, pourquoi fait-on preuve de si peu de rigueur dans la distribution de tant de produits que les Américains, grands spécialistes de la chose, qualifient de junk food ? Notre société est plus rigoureuse pour codifier la qualité des carburants pour nos voitures que les apports énergétiques pour l’homme. A l’instar de l’essence qui doit contenir des additifs pour assurer une bonne performance el un fonctionnement durable du moteur, l’énergie des aliments doit être accompagnée d’une diversité extraordinaire et subtile de minéraux et micronutriments pour entretenir la vie cellulaire et les équilibres physiologiques de notre corps. Une vérité connue de tous les nutritionnistes et si peu mise en pratique, si on en juge par l’abondance des ingrédients purifiés, sources de « calories vides*». On désigne maintenant sous ce terme les aliments ou les ingrédients qui n’apportent que de l’énergie sans un accompagnement suffisant en composés non énergétiques (minéraux, vitamines, micronutriments divers) que l’on trouve normalement dans les aliments naturels. À l’inverse, le concept de densité nutritionnelle* fait référence à la teneur en éléments essentiels ou protecteurs d’un aliment (pour un apport énergétique donné).
La production et la consommation des aliments de faible densité nutritionnelle ont maintenant pris une extension considérable. Une fois les mauvaises habitudes prises, les initiatives pour lutter contre les dérives de consommation, qu’il s’agisse de tabac, d’alcool, de calories vides, sont très laborieuses à mettre en place et peuvent même être ressenties comme abusives par ceux qui en sont les premières victimes. Quel paradoxe d’avoir à lutter contre une certaine mauvaise alimentation, créée artificiellement, alors qu’il y a tant à faire pour gérer ou bonifier une très grande diversité de produits de bonne qualité nutritionnelle. Puisqu’on a toutes les connaissances et les moyens d’organiser une chaîne alimentaire dans un esprit de développement durable, de gestion harmonieuse des relations entre agriculture et nutrition préventive, est-ce une utopie sociale de mettre à la disposition des consommateurs toutes les facilités pour bien se nourrir ? Évidemment cet objectif peut être atteint, cela nécessite toutefois d’attribuer une valeur économique suffisante à l’alimentation humaine, de lutter contre le développement d’une alimentation à deux vitesses et donc de disposer de formules alimentaires de qualité même pour un budget limité.
Une réponse pour "Les paradoxes de l'abondance alimentaire"
Quelle est la différence entre les prostanglandines issues des oméga 3 qui sont anti-inflammatoires et les prostaglandines issues des oméga6 qui aggravent l’inflammation dans le cas de l’arthrose.
Merci bien.