L'entente finale du placebo
L’usage du placebo doit-il se cantonner au cadre de la recherche, là où l’information et le consentement formel du patient sont aujourd’hui, fort heureusement, obligatoires? Faut-il proscrire son emploi en clinique quotidienne ? Le placebo est un leurre connu depuis la nuit des temps. La médecine peut-elle en toute honnêteté continuer à en cautionner l’utilisation ? Dans son propre intérêt, doit-elle accepter que les membres de son éminente profession continuent de prescrire, en guise de médicament, ni plus ni moins que de la poudre de perlimpinpin ? Vers qui se tourner si les médecins eux-mêmes prescrivent du vent? Et qui croire ? Le rebouteux du coin qui lui au moins n’a pas l’impudence et le front de revendiquer le noble patronage du non moins noble Hippocrate?
Les térmes du contrat
Prescrire un placebo sans en informer le bénéficiaire représente, par définition, un mensonge délibéré. Rien détonnant, dès lors que l’on trompe sa confiance, que le patient se défie de son médecin. Cette pratique ne s’apparente-t-elle pas de très près au charlatanisme ? Bien sûr, le mensonge véniel n’est pas forcément répréhensible. Il est à la base de la politesse, composante nécessaire de la vie sociale. Comment serait la vie si l’on se disait vraiment tout ce que l’on pense ? Exemple de dialogue non mensonger : « (Bon)jour ! Je me fiche de savoir comment vous allez. Votre cravate est vraiment très laide. Comment pouvez-vous habiter un appartement aussi mal arrangé ? » La courtoisie et la paix sociale reposent souvent sur une somme de petits mensonges. Cependant, si la vie courante offre d’innombrables exemples de mensonge par omission (de dire la vérité), la situation du placebo n’est pas vraiment comparable puisque, dans la relation thérapeutique, on se trouve dans un cadre contractuel. Une personne souffrant d’un symptôme consulte une autre personne détentrice d’une formation et d’un diplôme officiels à qui elle donnera de l’argent. Elles établissent tacitement un contrat de soins impliquant non pas une obligation de résultats mais une obligation de moyens. Le praticien est légalement tenu d’employer les meilleurs moyens possibles, avec le maximum de prudence et de diligence, en vue d’obtenir le meilleur résultat thérapeutique possible.
Il ne s’engage pas à guérir son client mais « à faire son possible » pour y parvenir, « dans l’état actuel d’avancement de la science ».
Puisqu’un médecin digne de ce nom possède au moment de la consultation du patient les connaissances scientifiques suffisantes pour poser un diagnostic correct, il doit être en mesure de décider si ladite maladie correspond effectivement à un traitement spécifique ou si, au contraire, il n’existe pas de traitement efficace connu. Lui et lui seul peut donc prescrire un placebo sans faire courir à son patient le risque d’une perte de chance de guérison et en lui évitant, au contraire, les dangers et effets secondaires d’un placebo impur. Le placebo du médecin se différencie bien de la poudre de perlimpinpin du charlatan qui risque elle, detre prescrite à n’importe qui, pour n’importe quelle maladie éventuellement curable.
Vidéo : L’entente finale du placebo
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’entente finale du placebo
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