La fécondation et la gestation
Lorsqu’une relation sexuelle a lieu, sans contraception, aux alentours de la date de l’ovulation, il y a de grandes chances pour qu’une naissance s’ensuive, neuf mois plus tard. Voici comment tout se déroule.
Le développement de l’embryon
Parmi les 60 à 500 millions de spermatozoïdes lâchés dans le canal génital de la femme lors de l’éjaculation, une centaine seulement parviennent près de l’ovocyte. L’acidité vaginale a déjà tué 99 % des candidats. Un seul parmi tous les survivants va ensuite s’unir à l’ovocyte pour le féconder et former un œuf.
La nature ne se montre pourtant pas inutilement prodigue. Les spermatozoïdes doivent en effet être nombreux autour de l’ovocyte, afin de détruire l’enveloppe visqueuse qui l’entoure et de permettre à l’élu d’y pénétrer.
Depuis la puberté de la mère et chaque mois, au quatorzième jour du cycle environ, l’un de ses ovaires, à tour d rôle, libère un ovocyte mûr qui est recueilli par la trompe. Cet ovocyte a mûri puis aété pondu sous l’influence d’hormones sécrétées par l’hypophyse : les œstrogènes. Une autre hormone, la progestérone, rend les trompes et l’utérus hospitaliers pour les spermatozoïdes. Elle est produite par le corps jaune, ce qu’il reste du follicule qui entourait l’ovocyte dans l’ovaire À peine sorti de l’ovaire, l’ovocyte émet un signal chimique qui attire les spermatozoïdes rassemblés dans le col de l’utérus (où des alvéoles leur sont réservées). Les spermatozoïdes progressent alors en nageant, à l’aide de leur flagelle, et ils sont aspirés par les contractions des trompes.
Nourris par la glaire cervicale qui recouvre le col de l’utérus, ils peuvent vivre 3 à 4 jours dans les trompes.
L’ovocyte met pour sa part 24 heures à faire son voyage depuis l’ovaire jusqu’à l’utérus, où il dégénérera et sera expulsé avec les règles en cas de non-fécondation. Spermatozoïdes et ovocyte disposent donc d’un temps relativement court pour se rencontrer.
Cette rencontre se déroule généralement dans les trompes, où l’ovocyte attend, cellule en sommeil dont les chromosomes sont bloqués dans leur division cellulaire.
L’ovocyte achève sa division cellulaire en expulsant une cellule : l’ovule. Le noyau du spermatozoïde se gonfle et va rejoindre le noyau de l’ovule pour fusionner avec lui. Chacun de ces noyaux renferme 23 chromosomes qui se mélangeront pour fournir au futur enfant sa carte génétique de 46 chromosomes. C’est le gamète masculin qui détermine le sexe de l’enfant. S’il est porteur d’un chromosome Y, il naîtra un garçon. S’il est porteur d’un X, ce sera une fille. L’ovule est, en effet, toujours porteur d’un X. Néanmoins, l’acidité des voies maternelles jouerait un rôle dans la sélection d’un spermatozoïde X ou Y.
Chronologie d’une fécondation
Dès sa formation à partir des deux cellules parentales, le zygote, première cellule de l’embryon, commence à se diviser tout en se laissant doucement porter par les trompes jusqu’à l’utérus. C’est la migration. Les trompes le nourrissent. Il se divise en quatre, huit, seize cellules… qui, à chaque fois, dupliquent le patrimoine génétique dont elles sont toutes intégralement porteuses. C’est ainsi que chacune des 60 000 milliards de cellules du nouveau-né permettra, plus tard, de déterminer exactement l’identité de ses parents.
Au troisième jour, il ressemble à une mûre. On l’appelle «morula» (nom d’origine latine). À ce stade, la vie ne tient qu’à un fil et les fausses couches sont nombreuses ; l’œuf s’échappe avec les règles sans que la femme ne se rende compte de rien. Ce sont d’heureux échecs : l’œuf était mal formé.
Quatre jours après la fécondation, l’œuf parvient dans l’utérus. Parmi ses cellules, certaines formeront l’embryon, d’autres le chorion, membrane dans laquelle il s’installera, et 50 % du placenta (l’autre moitié est d’origine maternelle). Le chorion sécrète une hormone HGC (hormone gonadotrophine chorionique) qui prépare le corps de la mère à la gestation. C’est cette hormone qui est responsable de l’arrêt des règles et que l’on trouve dans le sang lorsqu’est effectué le test de grossesse.
Une semaine après la fécondation, l’œuf, qui comporte alors 32 cellules, s’implante dans la muqueuse utérine : l’endomètre. C’est la nidation.
Durant le premier mois, l’embryon double de volume chaque semaine. C’est le stade de l’organogénèse qui voit les cellules qui formeront chaque organe se coordonner.
À la fin du premier mois de grossesse, la tête et le cœur du futur enfant sont déjà ébauchés. Le petit corps larvé se prolonge par une queue qui disparaîtra progressivement pour s’intégrer à la colonne vertébrale. Le cœur commence à battre160 fois par minute.
Il s’organise avec le cordon ombilical, qui comporte trois artères. L’une apporte à l’embryon les nutriments dont il a besoin, les deux autres le débarrassent de son sang vicié et de ses déchets, qui seront éliminés par l’organisme maternel.
D’abord l’embryon ressemble à une petite crevette, puis son visage va prendre peu à peu une forme humaine, avec l’apparition des yeux, d’abord très écartés, et des oreilles. La langue bourgeonne dans la bouche. Les membres et les doigts, d’abord nageoires plates, se dessinent, et l’embryon commence à bouger. Les mouvements de ce petit bonhomme de3 cm de long et de11 g sont visibles à la première échographie. Toutes les deux minutes, il se réveille et fait quelques mouvements avant de se rendormir.
La moelle épinière et les reins se forment également dès le deuxième mois. À 7 semaines de gestation, si le fœtus est porteur du chromosome Y, les glandes génitales secrètent une hormone permettant la masculinisation du fœtus qui, jusqu’à présent, était féminin. À 12 semaines, on peut entendre les battements du cœur grâce au Doppler.
Le placenta, en forme de galette, lui apporte, en provenance de l’organisme maternel, du sang fraîchement oxygéné et des nutriments, dont certains sont délivrés directement, comme l’eau, les sucres et certaines vitamines, et d’autres stockés, comme le fer, le calcium et la vitamine C, d’autres encore transformés. Le placenta sécrète également des hormones indispensables à la poursuite de la grossesse. La progestérone empêche que l’embryon ne soit rejeté, influe sur les seins de la mère et le relâchement de ses muscles lisses. Elle est transformée par le fœtus en adrénaline et en testostérone. Les œstrogènes sont fabriqués avec l’aide des glandes surrénales du fœtus. L’un d’entre eux, l’œstriol, assure la production de lait. Le placenta sert enfin d’organe d’épuration des déchets, de l’urée et du gaz carbonique du fœtus. Le sang de la mère ne s’y mélange jamais à celui du fœtus. Il circule dans une multitude de très fins vaisseaux capillaires : les villosités, reliées aux veines du bébé, et qui baignent dans les lacs sanguins maternels. Les échanges se font à travers de fines membranes. Le sang placentaire est renouvelé toutes les trente secondes. Le placenta se comporte comme un filtre qui empêche certains microbes et toxines d’atteindre le fœtus. Cependant, l’alcool et la nicotine passent à travers et même le rendent plus perméable.
Certains médicaments et virus peuvent également atteindre le fœtus, surtout en fin de grossesse, où le placenta assure de moins en moins bien son rôle de filtre.
L’embryon devient fœtus
• Au début du troisième mois
L’embryon devient fœtus. Cette période se caractérise par la croissance plus que par la différenciation des tissus, qui est quasiment terminée. La tête devient moins grosse par rapport au corps. Le fœtus ressemble à un être humain. Squelette, paupières, ongles et cordes vocales apparaissent. Le foie est énorme et fabrique les cellules sanguines avant que la moelle ne prenne le relais. C’est pour la mère la fin des petits ennuis et le début d’une période de grande sérénité : le deuxième trimestre. Son ventre s’arrondit. L’utérus fait une quinzaine de centimètres de hauteur. Il en faisait 9 à trois mois, il en fera 20 à cinq, 28 à sept et 33 en fin de grossesse.
• Au quatrième mois
Les organes interconnectés se mettent à coopérer. Système digestif, reins, et cœur fonctionnent.
Le fœtus est recouvert d’un duvet sur tout le corps. Il mesure 15 cm et pèse 200 g. La mère perçoit de légers mouvements. Le placenta prend le relais du corps jaune pour l’émission des hormones qui permettent la poursuite de la grossesse.
• Le cinquième mois
Est celui du câblage du cerveau, qui devient humain au sens noble du terme : capable de penser. Pendant cette période, la circulation sanguine s’installe complètement. Le fœtus a déjà des empreintes digitales. Il passe son temps à dormir et à avaler du liquide amniotique qu’il urine ensuite. Ce liquide est totalement renouvelé toutes les trois heures. Si la mère mange épicé ou parfumé, l’enfant en profite !
• À la fin du sixième mois
Les mouvements de l’enfant sont très nets. Il muscle ses membres mais aussi sa paroi abdominale par des exercices de respiration. L’exiguïté l’oblige à se replier sur lui-même, et il découvre son propre corps. Sensuel, il suce son pouce, stimule son sexe. Entre temps, il dort, jusqu’à vingt heures par jour, selon un rythme installé. Les connexions neuronales de son cerveau sont achevées et certains signaux peuvent déjà être enregistrés. Un visage bien dessiné, des muscles naissants : le fœtus commence à ressembler à un bébé.
Il mesure 35 cm et pèse 1 kg.
• À sept mois
À sept mois de grossesse, le fœtus est déjà recouvert de son vernix, cet enduit gras qui protège sa peau et facilitera son passage lors de la naissance. Il ouvre les yeux et perçoit la lumière. Il entend très bien les sons extérieurs. Il bouge sans cesse et répond à la stimulation. Il pèse1,7 kg et sa mère se sent de plus en plus lourde.
• Durant le huitième mois
Le fœtus, viable mais encore fragile, va grossir de 250 g par semaine. Il se retourne tête en bas, prêt à naître. Les testicules des petits garçons descendent dans le scrotum. Les premiers ovocytes de la fillette se forment.
• Le neuvième mois
Ne dure en général que deux ou trois semaines, ce qui est heureux pour la mère, gênée par le poids et la taille de son ventre. L’enfant ne grossit plus que de 100 g par semaine : tant mieux, car il a de moins en moins de place. Il ne peut plus bouger, et passe son temps à boire un demi-litre de liquide amniotique par jour, emmagasinant peu à peu dans son intestin des poils provenant de son duvet et des cellules de desquamation. Cela constituera le méconium, qu’il excrétera à la naissance.