Examen clinique du vertigineux : Interrogatoire du malade vertigineux
Pour le thérapeute en charge d’un malade vertigineux, il s’agit là du chapitre fondamental et il l’est pour deux raisons :
– d’une part, parce que, par son examen clinique, le généraliste doit d’abord dépister l’urgence et diriger, si tel est le cas, son malade au plus vite vers l’hospitalisation ou au contraire, en dehors de l’urgence, orienter son diagnostic vers tel ou tel organe pour éventuellement faire appel à telle ou telle spécialité. Cette première orientation est en soi et déjà un acte thérapeutique ;
– d’autre part, c’est par l’examen clinique que neuf fois sur dix, le médecin peut pratiquement aboutir au diagnostic, les examens complémentaires n’étant là que pour le confirmer.
C’est donc dès l’interrogatoire que tout se joue. Celui-ci est double, « interrogatoire du vertige » puis « interrogatoire du vertigineux », et nous détaillerons séparément ces deux volets. Nous interpréterons les données ainsi recueillies dans le but de reconnaître deux grands types de vertige : ceux qui sont, a priori, d’origine vestibulaire et ceux qui ne paraissent pas l’être. Dans le premier cas, le praticien confirmera alors son hypothèse par l’examen du patient puis prescrira les examens complémentaires adaptés : le plus souvent il s’agira d’évaluer, quantifier et observer le labyrinthe postérieur par la vidéonystagmographie et parfois l’imagerie du rocher. Ailleurs, présumant de l’origine non vestibulaire du syndrome, le généraliste prescrira ou, à défaut, fera appel à un spécialiste pour l’aider à confirmer sa suspicion première.
Enfin, n’oublions pas que « l’on ne trouve que ce que l’on cherche » : aussi, l’interrogatoire est-il d’autant mieux mené que le praticien possède une bonne connaissance des pathologies induisant un vertige. Le lecteur aura donc intérêt à revenir sur ce chapitre après avoir appris les différentes maladies dont la Symptomatologie vertigineuse est l’une des expressions. L’expérience se faisant, il sera de plus en plus performant pour décrypter dans ce que lui rapporte le malade, ce qui est réellement discriminant.
Interrogatoire du malade vertigineux
L’âge chronologique est toujours demandé d’emblée et il est comparé à l’âge physiologique. En soi, il ne participe que peu au diagnostic positif mais le praticien doit savoir que le vertige est rare chez l’enfant et que si la personne âgée risque plus que tout autre un vertige par accident vasculaire cérébral, elle n’est pas dispensée de souffrir parfois d’un authentique vertige paroxystique bénin.
La connaissance de la profession est une nécessité :
il existe des professions à risque : plongeurs, pilotes d’avion, parachutistes, et plus généralement toutes les activités professionnelles exercées dans des conditions extra-physiologiques ;
les conséquences pour autrui et pour lui-même du vertige ressenti par le patient sont directement dépendantes du métier : couvreurs, conducteurs d’engins, pilotes, etc. ;
le médecin généraliste présente là l’avantage sur le spécialiste de bien connaître les habitudes de vie professionnelles du patient et de décider d’un éventuel arrêt de travail.
Les antécédents médicaux sont exprimés :
un moyen rapide de connaître les plus récents est simplement de demander au patient sa «dernière ordonnance»,
là encore ils sont bien connus du médecin généraliste qui fera une rapide synthèse de ceux qui pourraient expliquer ce vertige ;
la prise d’ototoxiques en particulier d’aminosides est recherchée sachant que le délai entre manifestation vertigineuse et prise peut être court. On s’enquerra également de la prise de quinine ou de salycilés à haute dose ;
la thérapeutique par insuline ou encore par hypoglycémiant oraux est également importante à noter ;
le terrain vasculaire est rapidement apprécié.
Les antécédents chirurgicaux et traumatiques sont ensuite précisés :
un traumatisme récent est parfois retrouvé devant un tableau évoquant un vertige positionnel paroxystique bénin ;
les antécédents de chirurgie de l’oreille sont une éventualité rare mais précieuse à connaître. Le praticien doit cependant éviter Pécueil consistant à affirmer que tout patient opéré d’une oreille s’il est vertigineux a désigné là l’organe responsable de son syndrome. Autrement dit, une otite chronique simple ou une otospongiose opérée depuis fort longtemps sont rarement responsables d’un syndrome vertigineux aigu alors qu’il y a forte présomption d’imputabilité devant une otorrhée profuse, récente d’un malade porteur d’un cholestéatome.
Les antécédents familiaux sont intéressants à noter lorsqu’il existe des dysmorphies congénitales.
Vidéo : Examen clinique du vertigineux : Intorregatoire
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