Chimie du végétal: Une filière à cultiver
Encore balbutiante, la chimie du végétal est appelée à prendre de l’essor dans les prochaines années. Alors à quoi va ressembler cette toute nouvelle chimie associant agriculture, biotechnologie et chimie ?
Qu’est ce qui va changer pour les planteurs, les chimistes et les utilisateurs de ces molécules biosourcées ? Tour d’horizon de l’amant à l’aval d’une filière promise à un bel avenir.
Zéro déchets ! tel est le cri de guerre de la chimie végétale de demain. Un seul mot d’ordre : diversifier. L’avenir de la filière passe par la polyvalence des unités de production. Finies les usines capable de ne traiter qu’un végétal et de ne fabriquer qu’un seul produit.
Le champ : diversifier les végétaux
En chimie végétale, la plante est une source de molécules, comme le pétrole l’est dans la chimie « classique ». Alors c’est là que le choix commence et ce, en fonctions des applications. Toutes sortes de possibilités sont à l’étude, même faire pousser en Europe des plantes de Madagascar, par exemple. Pour cela il faut d’abord savoir quelle plante est adaptée à quelle région pour pouvoir la valoriser au maximum. Mais c’est l’application qui détermine le choix de la plante : céréales, oléagineux, betteraves, bois… les scientifiques cherchent à diversifier les biomasses d’entrée pour s’adapter à chaque région et étendre la gamme de produits fabriqués. En clair, exploiter les oléagineux dans les pays chauds et faire pousser des betteraves au nord. Mais plus que cultiver des plantes pour récolter des produits chimiques, les scientifiques étudient également l’utilisation des déchets végétaux.
La raffinerie : optimiser les procédés
La bioraffinerie du futur se veut multivégétal, multiprocédé, multiproduits et évolutive. C’est une toute nouvelle chimie qui naît sous nos yeux et de nouveaux métiers qui se créent. La chimie du végétal se trouve en effet au croisement de plusieurs secteurs : l’agroalimentaire, la biologie moléculaire, et bien sur la chimie, essentielle pour procéder sur le côté du génie des procédés.
Les chercheurs veulent aller plus loin. Au menu, une armada de techniques pour récupérer les molécules des végétaux. Tout d’abord pour améliorer les prétraitements de séparation des différents composés des végétaux.
Pour y arriver trois voies sont explorées. La biotechnologie tout d’abord. Grâce à leurs enzymes, les micro-organismes sont capables de synthétiser à peu prêt n’importe quel composé. Ainsi pour valoriser la biomasse, on étudie et on sélectionne, voire transforme, toute sorte de micro-organisme.
Pour atteindre le zéro déchets, la voie biologique ne suffit pas. D’autres techniques sont utiles comme la catalyse : faire passer la biomasse sur des éléments actifs comme les métaux dispersés, des oxydes ou des sulfures. En une ultime étape la gazéification de la biomasse restante. Grâce à des procédés thermochimiques, elle est réduite à l’état de gaz pour reformer ensuite les molécules souhaités.