Cerveau sexe et pouvoir : vers une neurosociété
La tendance croissante de la biologie à traquer des indices génétiques ou cérébraux des comportements ne se limite pas aux seules différences entre les sexes. On cherche aussi à caractériser les homosexuels, les groupes ethniques, les malades mentaux ou encore les criminels. Les objectifs et les enjeux sous-jacents ne sont pas nécessairement semblables. Certains homosexuels revendiquent eux-mêmes une différence biologique pour affirmer une identité plus forte.
Concernant les déséquilibres psychiatriques, l’identification de marqueurs des pathologies une « signature cérébrale » de l’autisme ou de la schizophrénie par exemple pourrait bouleverser le statut de la maladie et les solutions thérapeutiques. Quant aux criminels, la recherche de caractéristiques biologiques qui leur seraient propres vise, pour certains, à reconnaître, voire exclure ces populations à risque.
Le recours abusif à la biologie pour expliquer les différences entre les humains correspond à un courant de pensée qui a un nom et une longue histoire : le déterminisme biologique, théorie qui justifie les second plan les facteurs socio-culturels et politiques. Ce courant est toujours vivace dans certains milieux scientifiques qui prônent désormais l’avènement d’une «neurosociété» guidée par l’exploration du cerveau. Il est susceptible d’ouvrir la porte à de nouvelles formes de discrimination et reste une menace pour les idées démocratiques.