50 ans , questionnement de masse
50 ans , questionnement de masse
Oublions la morale et revenons aux regrets de nos 30 ans enfuis. Dans ce domaine, les délais ne cessent de s’allonger. Dans notre civilisation anti-âge, la véritable interrogation intervient de plus en plus tard. Certes, les professionnel(le)s du paraître se soucient de leur image autour de la quarantaine, ou même encore plus tôt, mais le vrai questionnement n’intervient souvent qu’à rapproche de la cinquantaine.
Est-ce la ménopause pour les femmes ? La crise de mi-vie pour les hommes ? Les difficultés professionnelles ? Le syndrome du « nid vide », quand les grands enfants prennent leur indépendance ? Les déboires conjugaux ? Les désillusions amoureuses ? La baisse de la libido — la sienne et celles des autres ? Chacun de nous cherche une ou plusieurs explications à cette pernicieuse remise en question, à cette baisse de l’estime de soi qui accompagne souvent l’apparition des véritables stigmates du temps. Or, et nous en reparlerons dans un prochain chapitre consacré aux différentes techniques existantes, la médecine esthétique voudrait, au contraire, inverser cette tendance en s’adressant à des patientes de plus en plus jeunes.
Tout converge, dans l’information contemporaine, pour fixer à 30 ans l’âge « apparent » à ne pas dépasser. Jadis, Balzac décrivait dans La Femme de trente ans l’approche sournoise de la vieillesse. On sourit aujourd’hui à cette évocation qui semble totalement obsolète. À 30 ans, aujourd’hui, la plupart des femmes ont encore des allures de jeunes filles, et pourtant… elles ne sont pas loin, pour cause de «jeunisme», d’être menacées par l’angoisse des premiers symptômes du vieillissement.
Un article de Psychologies magazine intitulé : « Je me sens vieillir… et c’est plutôt bien » cite en exemples, et en photos, trois «jeunes » femmes :
1) Pascale, 49 ans. Effectivement, à l’approche de la cinquantaine, comme elle le déclare : « On prend conscience que le temps passe et qu’il faut faire avec. » Néanmoins, à regarder la photo de son charmant visage, on se dit qu’elle n’a pas encore beaucoup de souci à se faire !
2) Florence, 43 ans, déclare qu’elle se sent plus jolie maintenant que dans sa jeunesse, du temps de ses expérimentations capillaires extrêmes, même si, comme elle le dit joliment, « le contour de mes yeux sourit tout seul… ». Un maquillage réussi, avant la séance de photo, a gommé très efficacement ses « sourires » au coin des yeux !
3) Nathalie, 37 ans… Alors là, franchement, photo à l’appui, parler de « vieillissement » n’a aucun sens. Nathalie l’avoue elle-même : « Aujourd’hui, à tous niveaux je m’accepte mieux. Je dirais même que, physiquement, je me préfère… »
Comment un magazine féminin de qualité, aussi soucieux de l’équilibre psychologique de ses lectrices,1. Mars 2008.
peut-il se laisser contaminer à ce point par l’épidémie contemporaine de «jeunisme»? À qui fait- on du bien en présentant une « ravissante » de 37 ans comme atteinte par le « vieillissement » ? Oui, le temps de la nostalgie arrive de façon irrémédiable, mais on pourrait ne pas accélérer l’apparition du blues de la vieillesse en culpabilisant celles qui n’ont pas encore de raisons d’y céder. Car dans les sociétés occidentales, socialement développées, les progrès de la santé et de l’hygiène permettent de cultiver son apparence en même temps que l’on prend soin de son bien-être.